lundi 20 septembre 2010

La Femme du métro

À Athènes, dans les années 70, une femme de quarante ans, mariée, mère de deux filles, rencontre chaque soir dans le métro un étudiant d’une vingtaine d’années. Peu à peu, leur relation s’étoffe. Elle finit par se donner à lui, tombe amoureuse puis retrouve ses marques (celles d’une femme installée dans son métier, son couple, sa maison) avant de s’éloigner définitivement. 

Résumée ainsi, l’histoire paraît simple. Décrite, décryptée par Mènis Koumandarèas, l’un des grands prosateurs grecs, elle l’est beaucoup moins. En soixante pages, écrites entre mai et novembre 1975, il ausculte, par petites touches, la réalité de deux parcours qui, s’ils peuvent, lors de brefs échanges, entrer en harmonie, n’ont cependant pas les clefs pour réussir à prolonger leur aventure.

Après avoir montré ce qui rapproche, il s’attarde sur ce qui sépare. Il le fait en gardant à distance l’effusion des sentiments et en ajoutant toujours un peu plus de détails au huis clos singulier qui a parfois lieu au milieu des autres, dans le brouhaha du métro ou dans celui d’un café. Ce faisant, il développe ses thèmes de prédilection, notamment ceux cités par Michel Volkovitch, traducteur (et par ailleurs animateur de la collection Grèce pour publie.net), en postface. Il aborde ainsi le caractère éphémère qui entoure toute sensation de bien-être, d’espoir, de bonheur. Il y accole, décelant çà et là des tensions aux effets parfois cruels, la lente mélancolie et le sentiment de ne pas avoir donné beaucoup d’éclat à sa vie qui habitent en permanence Koùla, La Femme du métro dont il dresse ici un portrait sensible et émouvant.

« C’est vrai, dit Koulà, je ne suis pas entreprenante pour mon âge. Sauf au bureau et chez moi. Tant que je suis dans mes registres ou dans ma cuisine, j’ai l’impression de commander au monde entier. Moi, je suis le même partout, dit-il, chez moi et hors de chez moi. Tu es de la nouvelle génération, voilà tout, dit Koulà en baissant la voix ; si tu me voyais à mon âge aborder les hommes dans la rue, que dirais-tu de moi ? Je dirais que si tu l’avais fait au bon moment, aujourd’hui tu n’en aurais plus besoin. »

Koumandarèas installe son texte dans une ville qu’il connaît bien et où il est assez facile de le suivre, station après station, tant ses indications de parcours s’avèrent précises. Dire l’essentiel en jouant sur la fluidité des phrases et sur la brièveté des dialogues ne lui permet pas seulement de retracer quelques semaines de la vie de cette femme mais également d’effleurer la réalité sociale et politique du pays, de sinuer dans les méandres de la petite bourgeoisie, d’inventer une voie étroite mais sûre, entre l’indifférence des uns et la soif de liberté des autres, au moment même où son livre s’écrit, un an après la fin de la dictature.

Mènis Koumandarèas : La Femme du métro, traduit du grec par Michel Volkovitch,

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