lundi 24 mars 2025

Mascarade

Né dans l’Iowa en 1932, Robert Coover, l’un des écrivains Américains les plus novateurs des soixante dernières années, connu notamment pour Le Bûcher de Times Square (autour de la condamnation et de l’exécution des époux Rosenberg en 1953), est décédé à Warwick, au Royaume-Uni, en octobre 2024. Mascarade, son ultime roman, paraît aujourd’hui en langue française.

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’à 90 ans passés, il n’avait rien perdu de sa verve, de sa créativité, de son regard acéré (et redoutable), de son humour caustique et de cette pertinence sociale qu’il maniait à la perfection. Il lui suffisait de regarder autour de lui, dans cette Amérique arrogante et mal en point, pour trouver du grain à moudre.

C’est dans un penthouse, perché au sommet d’un gratte-ciel de Manhattan, qu’il convie ses lecteurs. L’endroit est huppé, le buffet bien garni, la cave aussi, le toit-terrasse idéal pour prendre l’air. Une soirée festive y est organisée, ouverte à tous. S’y précipitent pique-assiettes, habitués des vernissages, solitaires en quête d’âmes sœurs, couples en bout de course, m’as-tu-vus, beaux parleurs, jeunes cadres ambitieux, artistes et pickpockets. Il y a également une nonne en tenue d’apparat et une ribambelle d’invités. Tous déambulent d’une pièce à l’autre.

« L’invitation était pour une soirée festive et, dans mon état d’esprit impie et dissolu, cela ne pouvait manquer d’avoir un certain attrait, tout trompeur qu’il était : un peu de libertinage avant un ultime pas dans le vide pour, de cette hauteur, propulser ce corps sacrilège dans l’au-delà. »

Il se pourrait que cette soirée soit pour beaucoup d’entre eux, la dernière. Quelques convives tombent, de temps à autre, du toit-terrasse sans que cela n’affecte la bonne humeur des fêtards. Certains, n’y tenant plus, se cherchent, s’isolent et s’accouplent.

« S’il y a bien quelque chose de sacré dans ce monde, c’est l’intimité des amoureux, alors quand ce couple se précipite vers la porte d’une chambre dans leur étreinte frénétique, quand bien même ce ne serait que l’affaire d’un soir de fête, je tourne discrètement les talons – et pile à ce moment je sens quelqu’un envahir mon intimité en enfonçant son pouce en moi, si ce n’est pire encore ! »

La nuit avance, les esprits s’échauffent, les conventions n’ont plus cours, les corps se lâchent. Les personnages réunis par Robert Coover se métamorphosent, sans s’en rendre compte, en acteurs d’un théâtre où le comique de situation est accentué par l’air très sérieux dont ils s’affublent. L’écrivain dissèque ce petit monde hétéroclite et ne le ménage pas. La satire sociale qu’il rédige en suivant les noctambules en goguette chez les riches est haute en couleurs. Il a toujours préféré le rire grinçant aux lamentations et il le prouve à nouveau, y ajoutant son inventivité littéraire, à savoir, et c’est un exercice de haut vol, faire en sorte que tous les intervenants (anonymes) du roman s’expriment, à tour de rôle, à la première personne du singulier. Il clôt son œuvre en apothéose, en un vrai feu d’artifice, en sortant par la grande porte.

 Robert Coover : Mascarade, préfacé et traduit de l’anglais (États-Unis), par Stéphane Vanderhaeghe, .Quidam éditeur.

vendredi 14 mars 2025

Nature en décomposition

Il suffit d’un rien, une présence infime, un brin d’herbe qui bouge ou un lézard qui prend le soleil sur une pierre, pour attirer son regard et provoquer en elle l’envie de toucher, de comprendre, d’entrer en contact, de sentir ce que ressent l’herbe, la pierre.

« j’imagine une étreinte en regardant les pierres
leur vie intérieure

(elles forment l’enceinte, et nous pourrions y vivre) »

En une approche sensible, pour bien percevoir ce qui l’entoure, et dont elle est partie prenante, à savoir la nature, Camille Loivier choisit de décomposer quelques-uns de ces éléments qu’elle rencontre au fil de ses flâneries dans le grand dehors qui requiert son attention. Elle procède par cycles, s’attache à la vie, à ses réseaux invisibles, à la métamorphose de la pierre, du bois, de l’eau, de la terre, de la nuit, du feu et de l’air.

« l’eau pénètre les bottes par l’intérieur
peu à peu
peau contre peau
l’eau du corps
et l’eau hors du corps
se rejoignent »

Tout ce dont elle parle vit et peut être source de transfert d’émotions.

« l’eau remonte au bout
de la chaîne grinçante
et l’on boit avec l’eau
une solitude que l’on ne peut plus
extirper du corps »

Ses promenades, mises bout à bout, participent d’un cheminement intérieur qui se nourrit de ce qu’elle découvre (de vie, de mort, de résilience) en progressant pas à pas, page à page dans son livre, tous les sens en éveil, interrogeant ici la souffrance d’une montagne qui brûle (la main de l’homme doit y être pour quelque chose) ou là-haut le scintillement des étoiles dans un « ciel rempli de déchets ». Elle note ce qu’elle détecte dans une nature (sauvage ou domestiquée) habituée à se reconstituer. Pas de mots savants, pas d’envolée lyrique mais des moments simples, subtilisés à la roue du temps. Captés en un clin d’œil, elle les assemble, les travaille, leur rend (par ses vers, ses poèmes) leur vitalité. De nombreux oiseaux traversent ses textes. Et aussi sauterelles, reinettes, abeilles, grillons, couleuvres et autres bestioles.

« (le merle poursuit la hulotte à midi)
vie pour vie

n’être qu’un corps flottant dans les herbes dures
on efface la violence d’un trait
barrée

(elle-même se soustrait)

amoindrie
plus proche d’une branche de févier
du houppier d’un aulne
que d’un être humain »

Ouverte et délicate, dotée d’un timbre particulier et révélant une réconfortante douceur, la poésie de Camille Loivier ausculte les endroits où son corps la porte. Elle s’attache au moindre détail et donne à lire, à voir, à imaginer des fragments de paysages qui bruissent de vies multiples, minuscules et éphémères.

Camille Loivier : Nature en décomposition, éditions Backland.

lundi 3 mars 2025

La branche ne se brisera pas

Peu connu en France, où on ne l’avait jusqu’alors croisé que dans de rares revues (dont Po&sie et Muscle), James Wright (1927-1980) a durablement marqué la poésie américaine des années 1950, 60 et 70. Il fut, aux côtés de Robert Bly (1926-2022) et de Louis Simpson (1923-2012), l’un des piliers du magazine Sixties, participant à presque tous les numéros en tant qu’auteur, critique littéraire ou traducteur (de Trakl, de Neruda, de Vallejo, de Miguel Hernandez et de bien d’autres).

Né à Martins Ferry dans l’Ohio, il a vécu son enfance durant la grande dépression. Son attachement au lieu, plus généralement au Midwest, qu’il sillonnera longuement, et le rude quotidien des classes populaires dont il est issu, imprègnent ses textes. Son père y est souvent évoqué.

« Mais maintenant, la nuit, mon père traîne dans les files
De la soupe populaire, et je ne le trouve pas : Si éloigné,
1500 miles ou plus, et pourtant
Je peux difficilement dormir.
Vêtu de haillons bleus il boîte jusqu’à mon lit,
Guidant un cheval aveugle
Avec douceur.
En 1932, sali par les machines, il me chantait
La berceuse de la petite gardeuse d’oies.
Devant la maison, les terrils attendaient. »

Ses poèmes imagés, dynamiques, subjectifs par à-coups, sont dédiés aux invisibles, aux vagabonds, aux fermiers, aux ouvriers, plus particulièrement aux mineurs, (son père était l’un d’entre eux), dont beaucoup meurent lors d’explosions souterraines qui ne leur laissent aucune chance.

« La police recherche ce soir les corps
D’enfants dans les eaux noires
Des banlieues. »

Les paysages environnants, ancrés en lui depuis toujours, font partie intégrante de sa poésie. Les hauts-fourneaux, les fosses des mines à ciel ouvert, les plaines du Midwest, les champs de blé ou de maïs, les bâtiments de fermes, les granges, les silos à grains et les chevaux au travail ou au repos constituent les éléments d’un décor fixé en quelques vers. Ils prennent place et bougent dans sa mélancolie. Celle-ci affleure régulièrement. Exacerbée par l’empathie qui peut le faire chavirer en une seconde.

« Je suis effrayé par le chagrin
Des animaux qui fuient. »

Ces animaux se glissent dans nombre de ses poèmes. Là, ce sont "des juments blanches attelées à de maussades chariots", ici, "un geai bleu et brillant sautille sur une branche", là-bas, "De petites antilopes / S’endorment dans les cendres / De la lune", ailleurs, "Un hibou s’élève / De la barre de coupe / D’une faucheuse."

« Un vieux fermier, son visage écarlate
Trahissant le whisky, fait pivoter la porte d’une grange
Et appelle une centaine de Holstein noires et blanches
Dans le champ de trèfle. »

Les morts, ses amis disparus et les hommes ensevelis sous des blocs de charbon, apparaissent fréquemment dans ses textes. Il imagine leur retour, les invite à faire un bout de chemin avec lui, à boire, jusqu’à s’enivrer parfois, et à tester leur équilibre en marchant de nuit au bord des tombes.

« D’un simple toucher de ma main,
L’air se remplit de créatures délicates
De l’autre monde. »

La branche ne se brisera pas est le premier livre de James Wright traduit en France. Belle occasion de découvrir enfin la voix ferme et l’univers sensible d’un poète (lauréat du prix Pulitzer en 1972) que l’on ne peut rattacher à aucune école. Et c’est bien mieux ainsi. Cette liberté assumée est sa force.

« Je suis allé de l’avant
Avec certains, quelques rares solitaires.
Ils ont sombré dans la mort.
Je meurs avec eux. »

James Wright : La branche ne se brisera pas suivi de Allons nous rassembler à la rivière, traduit de l'anglais (États-Unis) par Christian Garcin, éditions Le Réalgar, collection Amériques.

dimanche 23 février 2025

Poésie des familles / Fiction tombeau - Ma phrase

Deux livres de Dominique Quélen

Livre après livre, Dominique Quélen poursuit son inlassable et (forcément) tortueux parcours en poésie. Il travaille la langue sans relâche. L’affine, détecte ses subtilités. Découvre toujours – ou façonne – de nouvelles clés pour pénétrer dans des territoires qu’il peinait à explorer. Il tâtonne, s’obstine, sait que les nombreux points de contraction qui nouent son être ne se détendront qu’à force de patience. Cela l’oblige à puiser en lui, à sonder son cerveau, à poser des mots, des vers, des blocs de prose, des poèmes au jour le jour, sans jamais mollir.

« On apporte avec soi tout un appareil de souffrances. On est ça. C’est dedans, avec le bas du corps qui tient lieu d’éponge. »

Le corps, il l’analyse, le découpe, morceau par morceau, dans Poésie des familles. Le sien, qui est toujours apte à répondre du tac à tac à ses moindres sollicitations physiologiques et mentales, mais également ceux des père, mère et frère qui ne sont plus et dont il doit réactiver l’allant passé.

« Tu te produis dans une succession de faits où tu n’as pas ta place. Cela est attesté par une image (tu es assis à califourchon, tu as cinq ans, sur les genoux de ton père, Raymond, en marcel à trous ; il tient l’horloge en carton d’une main et se sert de l’autre, parce que c’est la plus virile, pour te tenir ; ça se passe sur une des chaises en formica jaune de la cuisine. »

Des sensations brèves et tranchantes reviennent, titillant, à tour de rôle, quelques-uns des organes qui font vivre et souffrir ceux qui les portent et les voient se purger par les suintements, sueurs, bave, pus, urine, excréments qui en sortent.

« On a beau tous les jours se frotter et se laver au gant, des abcès se forment sur et sous la peau, on ne peut plus rien montrer ni cacher de soi, on est réduit à une sorte de sac qui nous contient. »

C’est une poésie rude que déploie ici Dominique Quélen. Elle charrie des pertes, des manques, des douleurs et les transcende ou les minimise quand il pressent qu’il y a danger imminent quant à son propre équilibre. La ligne de crête sur laquelle il évolue est infime.

« Dans la représentation du corps de ton père, le cul est à la place du nez. On a là quelque chose qui ne va pas. Ta mère et toi, vous avez un visage. On exhume ton frère, on le tire de son repos : son nez est mangé aux vers. »

Fiction tombeau, autre ouvrage publié récemment, est dédié à son demi-frère Patrick, décédé en 1978, à l’âge de vingt ans, S’il apparaissait déjà dans certains textes, et notamment dans Poésie des familles, c’est pourtant la première fois que Dominique Quélen le remet totalement d’aplomb.

« Ce qui n’est plus devenant ce
que tu es, ce qui était n’est
plus. La question est : quand vas-tu
cesser de mourir ? Ça suffit
maintenant. Ça ne sert plus à
rien, mourir et vivre sont à
égalité. Ce qui était à faire
tu l’as fait, fais à présent ce
qu’il reste à faire : avoir été
comme frappé par la foudre, être
entré vivant dans de la mort,
cette conjugaison de faits. »

Du fond de son non-être apparent, ce demi-frère a peut-être capté des choses essentielles. Il le questionne là-dessus. Et lui réattribue, pour ce face-à-face virtuel, son corps de gros jeune homme.

« Le déjà grand et gros garçon
que tu étais, comme on disait,
homme fait que déjà défait »

Ce que dévoile Dominique Quélen dans ces poèmes (adresse et tombeau au demi-frère), dont l’écriture lui fut sans doute douloureuse, est intense et bouleversant.

Dans Ma phrase, seconde partie du livre, le jeune disparu qui agit sur le poète à la manière du membre absent dont parlent parfois les amputés, n’est pas oublié mais Quélen le laisse vaquer à ses occupations souterraines et se tourne vers le dehors, observe les paysages, là où la vie continue, là où les mouvements de l’océan offrent de la couleur et de la gîte à son texte, là où il peut observer oiseaux et animaux en action qui n’ont d’autre souci que de chercher à se nourrir en évitant les collisions qui leur seraient fatales.

« le ragondin a deux incisives orange
aux deux mâchoires qui font quatre
elles contiennent du fer qui rouille
le ragondin rouille par les incisives

dents qui sont dans la forme aplatie
du ragondin mouillé sur le bitume
où l’idée de beauté n’est rien, n’est
rien sans une forme accomplie »

Il regarde vivre et mourir ces adeptes de l’instant présent. Il les invite dans ses poèmes où ils se sentent plutôt bien. Cela n’apaise pas ses tourments mais les frotter ainsi aux aspérités ou aux douceurs des paysages traversés l’amène à apprécier ces moments de répit dont il a besoin (pour tenir) et que sa tête, habituée à tourner à plein régime, ne parvient pas toujours à lui donner.

Dominique Quélen : Poésie des familles, Les Hauts-Fonds, Fiction tombeau - Ma phrase, Éditions  Backland.

vendredi 14 février 2025

Répéter les symptômes

Rosmarie Waldrop est une figure importante de la poésie américaine des soixante dernières années. Née en Allemagne en 1935, elle a épousé le poète Keith Waldrop à la fin des années cinquante. Tous deux se sont ensuite installés à Providence (Rhode Islands) (où elle vit toujours) et y ont fondé en 1967 les éditions Burning Deck au catalogue desquelles l’on retrouve, entre autres, des livres de Robert Coover, Paul Auster, Harry Matthews, Cole Swensen, Robert Creeley ainsi que de plusieurs poètes français (Edmond Jabès, Jacques Roubaud, Emmanuel Hocquard, Anne-Marie Albiach) et allemands (Friederike Mayröcker, Oskar Pastior, Elke Erb), qu’elle a elle-même traduits.

Son œuvre poétique, essentiellement écrite en anglais, est considérable et une douzaine de titres ont été traduits en français. Le dernier en date, Répéter les symptômes, est un ensemble constitué de onze sections de courtes proses, chacune débutant par un verbe (vouloir, penser, douter, traduire, signifier, etc) sur lequel elle s’appuie pour mettre sa pensée en mouvement. Elle sait le parcours sinueux qu’il lui faut emprunter avant de toucher du doigt l’évidence et la simplicité. C’est ce cheminement qui préside au déploiement de sa poésie et qui l’aide à affirmer et à concrétiser ses intuitions. Elle cherche, pour cela, les mots justes, les phrases précises, les bons emboîtements. Un long travail d’orfèvre qui requiert obstination et humilité.

« Mon esprit se dissipe en une triste bouillie. Jusqu’à ce que je retourne au rafraîchissement des verbes, des pronoms, des conjonctions. Et le monde reprend pied dans la dépendance des propositions. Mes sens sont inaptes sans mots auxiliaires. »

Les mots l’accompagnent. Avec leur sonorité, leur étymologie, leur façon de se toucher, de s’associer, de s’échapper de l’espace clos d’un bureau pour voyager à leur guise, d’en attirer d’autres en cours d’escapade et de créer, en circulant sur une même page, des poèmes clairvoyants dans lesquels le corps de celle qui les conçoit se déplace en toute liberté.

Entre ses moments de doute et ceux où l’envie de ne rien faire domine, elle laisse sa pensée vaquer et ne s’inquiète pas. Ce qui la tracasse, c’est de savoir « s’il reste quelque chose à faire ».

« Peur de mourir sans avoir rien fait. »

Le recueil se termine en s’attachant au verbe vieillir. Et, une fois de plus, comme tout au long de cet ensemble empli de sagesse, de savoir, d’expérience et de vie, ce n’est pas la désolation qui pointe. Il faut simplement composer avec une évidence. Aller au bout du chemin. Laisser les choses advenir. « Tombés de l’été comme une pierre, nous regardons tomber le temps ».

« Tu dis que l’absence d’objectifs a ses avantages. »

Ce "tu" auquel elle s’adresse régulièrement est son mari, Keith, décédé en 2023, deux ans avant la publication de ces poèmes aux États-Unis, Keith dont la mémoire et le corps vacillaient et qui faisait alors route vers une galaxie inconnue.

« Depuis ce pays lointain, tu me dis qu’autrefois tu avais une femme allemande.

Ma grammaire ne m’est d’aucun secours dans ces contrées. Et je ne sais pas si je devrais te le dire. Je suis cette femme allemande. »

Ce livre d’une quarantaine de pages est idéal pour découvrir (ou retrouver) Rosmarie Waldrop. Elle célèbre la vie, puise à nouveau dans sa biographie et travaille le langage sans discontinuer, poursuivant une œuvre dense, exigeante et lumineuse.

Rosmarie Waldrop : Répéter les symptômes, traduit de l'anglais (États-Unis) par Paol Keineg, Éditions La Barque.