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mardi 14 juillet 2015

Quelques femmes

Il lui suffit de surprendre un geste, un regard, un mot, un sourire, une attitude, pour que naisse en lui l’envie d’esquisser le portrait de celle qu’il vient d’observer. Ceci se reproduit à seize reprises, dans un livre que Mihàlis Ganas dédie à quelques unes des femmes qu’il lui arrive de croiser au hasard de ses flâneries ou de ses rêves. Il avance tout en douceur, de façon concise, se tenant à l’ébauche, au croquis, pour saisir l’une ou l’autre lors d’une scène de vie ordinaire dont il découpe certains mouvements en pratiquant tout à la fois l’ellipse et la suggestion.

« Soudain elle soulève d’une main le livre ouvert à hauteur de poitrine et brusquement le referme comme un piège à mouches. Puis le rouvre avec précaution, souffle sur la page et me fixe droit dans les yeux. Je souris bêtement. »

Happé par ce qu’il voit, il ne peut s’empêcher d’imaginer certains traits de la personnalité de ces femmes. Il le fait en restant à distance, avec délicatesse et sobriété, ne se risquant jamais à s’immiscer dans une intimité dont il se sait exclu. Il ne joue pas non plus au voyeur. Il est simplement curieux et sujet au perpétuel étonnement. Fasciné également par un monde qui recèle, à ses yeux, des secrets qu’il ne peut qu’effleurer, y compris quand ce sont ceux de ses proches. C’est cela que son écriture, toute en retenue et pourtant dense, transmet avec une limpidité extrême, celle du poète qu’il est, et qu’il reste, jusque dans sa prose.


Mihàlis Ganas : Quelques femmes, traduit du grec par Michel Volkovitch, Quidam éditeur.
On peut retrouver le poète Mihàlis Ganas sur le site de son traducteur.