Passent des hommes, des femmes qui ont jadis attiré mon regard. Leur souvenir me hante. Leurs silhouettes bougent parfois dans des brumes de chaleur. Je leur adresse un signe de la main et ai envie de rafistoler l'ancien temps mais la plupart d'entre eux ne sont plus de ce monde. Quelques-uns, partis sans faire de bruit mais non sans douleur, me répondent tout de même. Avec des mots d'outre-tombe, ils me parlent des paysages, des cafés en rase campagne, de la cueillette des mûres dans la vallée du Leff et des nuits étoilées qu'ils ont dû abandonnés. Certains, plus résistants, et toujours présents sur terre, m'en veulent et me le font savoir." (extrait)
C’est à l’humain de l’humain que Jacques Josse a affaire et à la manière d’un Pierre Bergounioux (La casse, Fata Morgana ; Voir, savoir, in Conférence n° 4) l’écriture lui est confidence épurée des morts auxquels elle vient donner un peu de la beauté qui leur aura été refusée, lambeaux de vie devenus “linges rendus à la lumière fertile”. Ce n’est donc pas forcément “avec des idées noires” que l’on sortira de la lecture des recueils de Josse ; fortement ému certainement. On y rencontrera des cassés de la vie mais aussi les écrivains fraternels (Lequier, Palante, Corbière, Yves Martin, Hrabal, Thierry Metz, Kerouac...), des peintres : Paul Quéré. Une écriture nette, sans fioritures ni emphase, avec des éclats de beauté, un art du croquis, de surprendre, de toucher juste et ce faisant de donner à penser, on songe en particulier à toutes ces solitudes évoquées, et à la “poignée de main” du poème.
Ronald Klapka, Jacques Josse, arpenteur de solitudes, remue.net, mai 2004
Jacques Josse : Vestiaire de la mémoire, Les Hauts-Fonds, juin 2025 (124 pages, 18 €)
ISBN 978-2-9171-38-5 Distribution librairies : SPE Comptoir du livre, 171 rue de la Convention 75015 Paris
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