La revue Café (Collecte Aléatoire de Fragments Étrangers) est
dédiée à la traduction. Les textes qui y sont rassemblés proviennent
de langues souvent minoritaires, malmenées, trop peu visibles. Le numéro
2, qui vient de paraître, donne à lire poèmes, nouvelles et fragments
regroupés sous le thème du silence. Qu’il convient de respecter, de
garder, d’atteindre ou de briser. Y cohabitent quatorze voix dont celle
du poète tibétain Chen Métak, du breton Koulizh Kedez, de l’israélienne
Adi Keissar, du nouvelliste polonais Mateusz Rosiki, du très percutant
grec Dimosthenis Papamarkos ou encore de l’iranien Ahmad Châmlou.
Beaucoup sont de jeunes auteurs, rarement traduits en français.
D’autres, disparus, ont marqué leur passage en élaborant des œuvres
publiées en marge des circuits officiels. Tous, et c’est l ’un des
points forts de la publication, sont minutieusement présentés par les
traductrices (qui sont ici en grand nombre) et les traducteurs.
L’ensemble est propice aux découvertes.
Ainsi le poète géorgien Terenti Graneli (1897-1934), traduit par Eteri Gavashelli :
« Ce sera l’hiver...
Je mourrai la nuit, à l’aube, quand il y aura dehors la froide lune
de l’hiver et le gel. Avant de mourir, je me souviendrai des nuits
de Tbilissi et de ma sœur la plus douce : ces deux feux réunis qui
me consumaient sans cesse.
Ainsi s’achèvera la lumière, disparaîtra chaque seconde des souvenirs.
Je serais remis aux mains silencieuses de la mort.
Mon corps martyrisé rejoindra les éléments de l’univers.
Et je sentirai le repos suprême.
Mon cercueil sera sobre
et la procession sans larmes.
On m’enterrera à quatorze heures près de Tbilissi. »
Le silence, subtilement mis en mots dans ce deuxième numéro (« torréfié à 550 exemplaires »), résonne sur 130 pages. S’il est bon de le partager, il faut aussi savoir le rompre. Pour en parler. Et inciter à le lire.
Café n° 2. Le site de la revue est ici.
Voilà une revue qui convient parfaitement à notre ami Jacques... en attendant de pouvoir prendre un verre au pub !
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