« Quand il domine un Tour de France d’anthologie, en 1958, le champion luxembourgeois est déjà mon héros.
Je ne jure, ne respire que par lui, qui rougit, bredouille au micro lorsque l’un des reporters des actualités cinématographiques l’abreuve de compliments. »
Je ne jure, ne respire que par lui, qui rougit, bredouille au micro lorsque l’un des reporters des actualités cinématographiques l’abreuve de compliments. »
Lionel Bourg n’a pas dix ans quand il reconnaît en ce  coureur 
cycliste  un être capable de donner, à distance, un peu plus de fierté, 
de couleurs et d’optimisme à son quotidien d’enfant vivant dans une 
famille en souffrance. Comme dans presque tous ses textes, la part 
autobiographique est ici la matière même du récit. La présence de Charly
 Gaul, et ses exploits, sa  fougue, son panache, viennent opportunément 
rétablir l’équilibre dans  un univers plombé  par la tristesse, le mal 
être et les visites hebdomadaires au cimetière sur la tombe du  frère 
aîné (mort noyé) en compagnie de la mère qui pleure, fond, psalmodie, se
 révolte.
« Maman, qui, jusqu’à l’effondrement dont elle allait mourir, ne sut 
qu’avec outrance et comme gonflée de colère porter un deuil infiniment 
destructeur. »
C’est dans ces moments de douleur,  vécus au cœur d’une ville 
ouvrière où la plupart des hommes bossent à la mine ou aux aciéries, que
 la présence virevoltante du cycliste en démonstration dans les cols 
mythiques des Abruzzes, des Alpes, des Dolomites et des Pyrénées devient
 réconfortante. Le  fabuleux grimpeur rétablit, sans le savoir, un point
 d’équilibre  qui permet à celui qui en a fait son idole de supporter 
l’insupportable.
« Un soir, à l’étape, il me semble que tu parlas du ciel et des 
hérons, des grues occupées à cisailler les bancs de brume. J’écoutais. 
Engrangeais tes paroles ou celle que j’entendais en secret dans ma tête.
 L’enfance n’a de recours qu’en elle-même. »
Gaul était un rêveur. Il  aimait vivre à l’écart, loin des 
convenances sociales et autres obligations d’usage. Sitôt sa carrière 
terminée, il se retira dans les bois et s’arrangea pour qu’on ne vienne 
pas le déranger. Il s’effaça, coupa les ponts, se réserva une vie 
intérieure et la préserva jusqu’à sa mort en 2005. C’est à cet homme 
taciturne et secret, grâce auquel il a pu s’échapper  et vibrer, que Lionel Bourg   rend hommage en le suivant tout particulièrement de la fin des années cinquante au début des années soixante.
Lionel Bourg : L’échappée, éditions L’escampette.
Logo : Charly Gaul en 1957.
* Lionel Bourg publie parallèlement Ce serait du moins quelque chose, récit où l'on retrouve ces balises autobiographiques qu'il pose, comme autant de passerelles sensibles, entre l'enfant qu'il fut et l'écrivain qu'il est devenu. Elles jalonnent une œuvre de plus en plus dense. Le livre, superbe, est l'un de ceux que concoctent les belles éditions Le Réalgar, avec des dessins de Christine Guinamand.
Lionel Bourg : L’échappée, éditions L’escampette.
Logo : Charly Gaul en 1957.
* Lionel Bourg publie parallèlement Ce serait du moins quelque chose, récit où l'on retrouve ces balises autobiographiques qu'il pose, comme autant de passerelles sensibles, entre l'enfant qu'il fut et l'écrivain qu'il est devenu. Elles jalonnent une œuvre de plus en plus dense. Le livre, superbe, est l'un de ceux que concoctent les belles éditions Le Réalgar, avec des dessins de Christine Guinamand.

 
 
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