Le poète martiniquais Monchoachi continue d’explorer la vitalité et la
profondeur de l’héritage africain. C’est l’extraordinaire fonds – en
partant des rituels et des mythes – du continent noir qu’il sonde et
magnifie dans ce second volume du cycle poétique Lémisté.
Conçue en huit parties, cette nouvelle partition interroge les
mystères, les traditions, les mémoires en sachant que les réponses ne
viendront pas uniquement de la parole des seuls êtres humains. Les
plantes, les pierres, les animaux, les éléments et les astres ont
également leur mot à dire. Tout comme les morts. Qui ne le sont jamais
tout à fait et qui parlent (en un langage approprié) à qui sait les
entendre.
« Les paroles claires marchent devant nous,
les paroles claires sont nos ancêtres,
les paroles sont nos enfants,
elles nous regardent de derrière :
nos enfants sont nos ancêtres. »
les paroles claires sont nos ancêtres,
les paroles sont nos enfants,
elles nous regardent de derrière :
nos enfants sont nos ancêtres. »
L’axe premier de sa quête est la voix. « Voix des sans-bouches qui
sourd des rhombes, / Voix qui court sur les eaux, ébranle la montagne. »
L’écoute est essentielle. La collecte des sons, des chants, des contes
ne peut se concevoir sans que s’en suivent interprétation et
transmission. Il s’intéresse parallèlement à ce que peuvent dire les
danses et les masques. Il lui faut tout capter, être totalement
disponible. En accord permanent avec la nature. C’est elle qui filtre
l’essentiel. Elle qui donne parole à l’eau, aux racines, aux vents et
aux esprits. Elle que l’on célèbre dans des cérémonies que Monchoachi
parvient à restituer. C’est ainsi qu’il emporte, embarque son lecteur
en se donnant totalement, entre transe et incantation, dans un véritable
corps à corps avec son poème.
« Mâle le feu qui ravage, fimelle l’eau qui rafraîchit
Mâle l’eau du ciel, fimelle l’eau de la terre
Mâle l’eau-semence de l’animal mâle,
Fimelle l’eau semence de la belle,
Mâle le ciel du sommet (...)
Fimelle la terre qui s’ouvre à la semence,
Mâle l’oiseau qui se perd dans l’éther, l’esprit de la brousse,
Fimelle le coquillage nacré, le poulpe »
Mâle l’eau du ciel, fimelle l’eau de la terre
Mâle l’eau-semence de l’animal mâle,
Fimelle l’eau semence de la belle,
Mâle le ciel du sommet (...)
Fimelle la terre qui s’ouvre à la semence,
Mâle l’oiseau qui se perd dans l’éther, l’esprit de la brousse,
Fimelle le coquillage nacré, le poulpe »
Il manie la langue avec une rare virtuosité. Ne laisse aucune
sonorité au hasard. Si un mot, ou une expression, en créole permet de
donner plus de vitalité et de percussion à son poème, il n’hésite pas.
Le chant doit être intense et rythmé. Il doit porter en lui le souffle
de présences visibles et invisibles qui ont l’habitude de communier
ensemble en ne se payant jamais de mots mais en donnant toujours
beaucoup de sens à ceux qu’ils emploient.
« Que le corps magique chamantise le murmure
Qu’il laisse river le monde
Que les étoiles infatigables le convoient. »
Qu’il laisse river le monde
Que les étoiles infatigables le convoient. »
Monchoachi : Partition noire et bleue (Lémisté 2), éditions Obsidiane
Entretien avec Monchoachi pour île en île
Entretien avec Monchoachi pour île en île
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