Tout a
commencé avec la parution, en 1978, d’un numéro de la revue Vrac.
Une livraison format journal qui contenait, glissé entre ses pages,
un prospectus annonçant la sortie d’un recueil de poèmes intitulé
La suie-robe des sentiers suicidaires. L’auteur
s’appelait Alain Jégou. Son nom et quelques uns de ses textes
m’étaient déjà connus. Il apparaissait en effet ici et là, au
fil des revues, notamment dans L’ecchymose où il
poursuivait une virée rude, froide et cinglante dont le titre
générique, Cap Horn, s’avérait on ne peut plus
évocateur. Je me souvenais également de l’avoir lu dans un
cahier Poésie 1 préparé par Jacques Donguy en 1975 et
consacré au « nouveau réalisme ». Jégou y était
présent avec des extraits de Vivisection, son premier livre,
publié chez Millas Martin. Tout cela m’incitait à remplir au plus
vite le bon de commande et à l’expédier à l’adresse indiquée,
qui se trouvait être celle de l’auteur. Trois jours plus tard le
livre était sur ma table. Couverture noire avec tête de mort au
demi visage étonnamment vivant au centre. Préface de Marc Villard.
Citation d’Artaud en exergue. Poèmes rageurs, décapants, tendus,
pris dans les barbelés d’un silence à cisailler sans attendre.
J'ai pas mal d'écume dans le cigare, éditions La Digitale.
Note sur le site Médiathèque de Quimperlé
Lecture d'Eric Dussert pour L'Alamblog
Lecture de Pierre Tanguy pour Recours au poème
« Je
fus d’hiver d’abord
le
silence excessif
en
mon regard
le
scalp de la souffrance
et
les rides déjà
du
bonheur miracle
comme
la fièvre
je
fus sans entrain. »
Ma
lecture fut rapide, échevelée, menée à cent à l’heure, portée
d’un bout à l’autre par le tempo d’enfer qui animait
l’ensemble. Le soir même, j’écrivais à Alain Jégou pour le
remercier et lui dire combien je m’étais senti à l’aise dans
ces textes endiablés qui, loin de se contenter de dresser des
constats, invitaient ceux qui le voulaient bien à prendre
modestement (et littérairement) part à la bagarre.
Note sur le site Médiathèque de Quimperlé
Lecture d'Eric Dussert pour L'Alamblog
Lecture de Pierre Tanguy pour Recours au poème
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