Poète de la rue, proche de la Beat Generation, Jack Micheline, né
en 1929 dans le Bronx et mort d’un infarctus à bord du train rapide
reliant San Francisco à Orinda le 27 février 1998, a publié l’essentiel
de son œuvre à tirages limités, chez de petits éditeurs. Il aura fallu
attendre la réédition de son premier livre, en 1986, pour le voir enfin
présent en librairie. C’est ce recueil, paru initialement en 1957 et
préfacé par Jack Kerouac, que publie les éditions Dernier
Télégramme. On y retrouve, déambulant sur les trottoirs, dans des poèmes
rapides, écrits d’une seule traite et destinés à être lus à haute voix,
les ombres fragiles de tous ceux que l’auteur n’a cessé de croiser.
Comme lui, ils passent la plus grande partie de leur temps dans la rue.
Il y a là musiciens, clochards, gamines fugueuses, jeunes crieurs de
journaux, cireurs de chaussures, prostituées, mendiants et vagabonds.
Jack Micheline leur dédie son livre.
« Hommes invisibles comme des fantômes
ils habitent les abords sombres
des villes
ils s’assoient dans des terrains vagues
sur de vieux cageots
causent à des boîtes de bière rouillées. »
Le quotidien qu’il décrit est rude. Subsister au jour le jour tient
du miracle. Garder intacte cette parcelle de liberté a un prix. Souvent
payé cash par un corps bien malmené, et pas seulement par les
intempéries du dehors. C’est une vie précaire, rebelle, « sauvage et
sans chaîne », qu’ils mènent à l’écart de « la folie du dollar », loin
de l’enfermement dans les tours, bureaux ou banques et loin également
de l’Amérique des « gens endormis » et des « esprits apeurés ».
« Des bohémiens dansaient et lisaient l’avenir
dans les mains de marins ivres
des prostituées se tenaient sous des porches
éclairés de lumières rouges par des nuits glaciales
des vieux et des vieilles guettaient
au travers des fenêtres sans fin
des enfants jouaient à la balle
dans les rues l’été
tandis que l’aveugle foulait aux pieds
les souvenirs fugaces de sa jeunesse. »
Ce sont ces déshérités adeptes de la débrouille, ces familiers de la
dèche qui n’abdiquent pas, ces sans-voix dont il partage le quotidien,
d’abord à Greenwich Village (dans les années 50) puis à San Francisco (à
partir de 1960), que Jack Micheline invite dans ses textes à travers
de courts tableaux qui sont autant d’instantanés saisis sur le vif. Le
swing lancinant et si particulier qui habite ses poèmes leur procure
un rythme soutenu. Il y scande son désir de vivre autrement.
« Nous saignons dans les
déserts de votre monde
et des gouttes de notre liberté
vient la naissance. »
Son écriture simple, presque instinctive (et par ailleurs très
visuelle) s’enroule autour de faits anodins que personne, d’ordinaire,
ne voit mais qui ne peuvent échapper à son regard affûté. Il s’en
empare (et s’en sert) pour dessiner un tas de croquis et portraits qui
remettent à leur vraie place (autrement dit aux premières loges) tous
ces anonymes sans qui les rues ne seraient pas si intensément
habitées.
Jack Micheline : Un fleuve de vin rouge, traduit par Alain Suel, éditions Dernier Télégramme.
hum ! le titre est alléchant ! que dis-je gouleyant !
RépondreSupprimerEn effet ! Et le poète, même titubant, garde un bel équilibre !
Supprimeréquilibre ? tu as dit "équilibre" ?
Supprimervérifions :
L’équilibre (du latin aequilibrium, de aequus « égal » et libra « balance, poids ») est le concept qui décrit les situations où les « forces » en présence – les parties dans le cas d'une métaphore – sont égales, ou telles qu'aucune ne surpasse les autres. C'est une notion qui est utilisée dans de nombreux domaines.
Un équilibre peut être statique (une roche, sur le sol lunaire par exemple) ou dynamique (le ballon tenu en équilibre sur le museau d'une otarie, l'équilibre écologique).
Un équilibre dynamique caractérise un système plus évolué où des rétroactions de sens contraire peuvent se produire pour maintenir ou tenter de maintenir un certain niveau dit d'équilibre. Cela peut mettre en jeu des complexes boucles de rétroaction, agissant le cas échéant de manière réflexe. Ainsi les organismes vivants font notamment appel aux systèmes musculosquelettiques et au système nerveux pour permettre des mouvements volontaires, s'adapter au contexte de la pesanteur. Chez l’homme, l’oreille interne permet de maintenir une posture en équilibre quelconque (debout, marche, course…). L’étude et la pratique de l'équilibre seulement se nomme l’équilibrisme et plus particulièrement sur un fil le funambulisme.
L'absence d'équilibre caractérise une situation de déséquilibre
c'est Ouistitikikipédia qui l'écrit , donc c'est vrai !
je dirais plutot qu'un "poète" (kesaco ?) est une otarie funambule (le fil est tendu au dessus du désert de Gobi ! faut vraiment qu'elle fasse gaffe à pas choir la bestiole !)