Subtile et concrète, adoptant volontiers une sorte d’hésitation
naturelle qui invite le lecteur à déambuler, la poésie de James Sacré
est reconnaissable entre toutes. Elle l’était déjà dès la parution de Cœur élégie rouge (Le Seuil, 1972) et n’a, depuis, cessé d’affirmer sa singularité. On la retrouve avec plaisir dans Écrire pour t’aimer ; à S.B., livre publié une première fois en 1984 (aux éditions Ryôan-ji / André Dimanche) et récemment réédité.
Il déplie une période de son histoire, visualise les scènes où S.B.
apparaît et choisit d’écrire pour l’aimer. Il doit pour cela le rendre
présent, ramener à la surface des moments de vie partagée. Ce peut être
une sortie au bal en fin de semaine, une photo retrouvée d’une excursion
au Mont Saint-Michel ou un voyage en camion dans une campagne toute
imprégnée d’odeurs qui, elles aussi, reviennent.
« Ce voyage en camion j’en voulais parler à cause de raisons
Toutes simples, les mêmes que tout le monde aurait
De raconter comment c’est quelqu’un qu’on aime bien, d’être avec. »
Toutes simples, les mêmes que tout le monde aurait
De raconter comment c’est quelqu’un qu’on aime bien, d’être avec. »
Il cherche le bon angle, fouille dans ses émotions, revoit des
couleurs (le bleu est omniprésent), des lieux paisibles, des instants
chaleureux et dresse un portrait sommaire de l’énigmatique S.B. Peu à
peu, une silhouette se dessine. On devine un sourire, une force
paisible, un visage capté de profil offrant l’éclat d’une joue
attirante.
« Il y a c’est sûr des mots pas faciles à mettre dans cette histoire.
Des mots qui sont comme du linge et des affaires intimes,
On les devine à travers les banalités qui sont dites
comme d’autres plus excessifs clichés. »
Des mots qui sont comme du linge et des affaires intimes,
On les devine à travers les banalités qui sont dites
comme d’autres plus excessifs clichés. »
C’est à une approche de l’intime – avec ses tâtonnements, son tremblé
léger – que James Sacré s’attelle. Il avance par paliers, avec douceur
et tendresse – désir aussi – pour dire ce que recèle une telle amitié
amoureuse.
« T’en souviens-tu comme je t’emporte à jamais dans mon cœur avec ton beau prénom presque rien,
La rengaine d’un amour impossible un dimanche et l’odeur de la brillantine.
J’aimerais faire comprendre à travers la qualité et machine souple
Des mots mis ensemble,
L’effet que produit dans mon corps
La moindre complicité (roublarde ou naïve) que ton sourire accroche
à du temps qui passe entre nous. »
La rengaine d’un amour impossible un dimanche et l’odeur de la brillantine.
J’aimerais faire comprendre à travers la qualité et machine souple
Des mots mis ensemble,
L’effet que produit dans mon corps
La moindre complicité (roublarde ou naïve) que ton sourire accroche
à du temps qui passe entre nous. »
Poème après poème, il reconstitue les gestes souples et précis d’un
être vers lequel il se sentait attiré. Il essaie de restituer la tension
que cela éveillait en lui.
« C’est d’une drôle de façon qu’on traverse la vie, le bonheur
A comme un goût de solitude. Écrire pour aimer
Donne à la fin l’impression d’un grand silence »
A comme un goût de solitude. Écrire pour aimer
Donne à la fin l’impression d’un grand silence »
L’ensemble se termine par une série de poèmes inédits. Écrits après
la mort de S.B., ils disent la perte, l’absence, la solitude et
permettent à James Sacré de faire retour sur le livre initial.
« Ce livre d’émoi et de tourment mal pensés
« Ce livre d’émoi et de tourment mal pensés
Je l’entendais dans mon seul sentiment. »
James Sacré : Écrire pour t’aimer ; à S.B., suivi de S.B. hors du temps, éditions Faï fioc.
De tous temps, James Sacré a écrit en proximité (et complicité) avec les peintres. Deux livres récents viennent le rappeler de très belle manière : Et parier que dedans se donne aussi la beauté, en compagnie de Guy Calamusa (Aencrages & Co) et Une main seconde avec des dessins de Jacques Clauzel (éditions Fario).
James Sacré : Écrire pour t’aimer ; à S.B., suivi de S.B. hors du temps, éditions Faï fioc.
De tous temps, James Sacré a écrit en proximité (et complicité) avec les peintres. Deux livres récents viennent le rappeler de très belle manière : Et parier que dedans se donne aussi la beauté, en compagnie de Guy Calamusa (Aencrages & Co) et Une main seconde avec des dessins de Jacques Clauzel (éditions Fario).
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