Ce n’est pas la beauté en (ou pour) elle-même, si aléatoire, si fugace,
que Nuno Júdice cherche à percevoir mais son mystère, son approche,
d’abord intuitive puis effective dès que les mots choisis pour écrire ce
qu’il cherche à transmettre (en poésie) suggèrent sa présence. Il la
sait éphémère, difficile à capter, ayant partie liée avec la langue,
fort décriée par certains, ne s’offrant qu’à celui qui aura su, au
préalable, dissiper « le brouillard qui obscurcit l’imagination,
l’empêchant de quitter l’intérieur de l’esprit pour se diriger vers le
centre du papier ».
« Le poème a la même durée qu’un homme
et son cœur bat en même temps qu’il l’anime
du souffle d’une vie. »
Rien n’est donné sans une mise en éveil des sens, sans une attention
particulière portée à ce qui vibre tout autour. Un lent travail
intérieur pour sortir de soi et devenir disponible aux bruissements d’un
monde infime, si proche et pourtant si singulier... C’est ce que
propose Nuno Júdice. Souvent un morceau de paysage, une scène de rue ou
un fragment de nature morte s’animent en ouvrant des voies secrètes
qu’il explore.
« L’absolu s’est manifesté dans un verre
d’eau, quand le soleil est apparu derrière un nuage
et lui a donné un éclat inattendu dans le plus
gris des matins. »
d’eau, quand le soleil est apparu derrière un nuage
et lui a donné un éclat inattendu dans le plus
gris des matins. »
À celui qui regarde, saisit, assiste à tel ou tel fait apparemment
anodin et quotidien de méditer, de s’interroger et de concrétiser les
émotions que cela lui procurent. Il a à sa disposition un vaste lexique
et assez de recul pour privilégier la réflexion au réflexe et détourner
le réel dès qu’il apparaît trop convenu.
« Au retour de la promenade, j’étais en compagnie
d’un chien. Derrière le chien,
se tenait une promenade. Le contraire
est aussi vrai que son revers ; et
le revers est tout autant le contraire que
sa vérité. Seuls les aboiements du chien
m’apprennent que la promenade
n’aboie pas. Et quand j’ai lancé la promenade
au chien, le contraire a bougé la queue. »
d’un chien. Derrière le chien,
se tenait une promenade. Le contraire
est aussi vrai que son revers ; et
le revers est tout autant le contraire que
sa vérité. Seuls les aboiements du chien
m’apprennent que la promenade
n’aboie pas. Et quand j’ai lancé la promenade
au chien, le contraire a bougé la queue. »
Chez Nuno Júdice,
profondeur et légèreté ne cessent de se répondre, au gré des humeurs,
suivant la force ou le calme des éléments, rythmées par ce lent
processus créatif qui impressionne, que l’on retrouve de livre en livre,
et avec lequel il semble constamment aux prises.
« La main
qui rédige l’hiver, et s’attarde
comme le gel qui blanchit l’herbe,
renferme dans sa dureté le souvenir de la nuit. »
Nuno Júdice : Le mystère de la beauté, traduit du portugais par Lucie Bibal et Yves Humann, en collaboration avec l’auteur, éditions Potentille.
qui rédige l’hiver, et s’attarde
comme le gel qui blanchit l’herbe,
renferme dans sa dureté le souvenir de la nuit. »
Nuno Júdice : Le mystère de la beauté, traduit du portugais par Lucie Bibal et Yves Humann, en collaboration avec l’auteur, éditions Potentille.