« Nous savons que les heures s’effacent,
nous seuls pouvons disperser
les lettres des noms.
La craie sur le tableau du jour
couvre blanc l’horizon, novembre
approche ses légions pâles.
À Dunkerque, tu avances
les signes d’un pays
silencieux.
Ici, d’un bord à l’autre,
dès que s’ouvre le poème,
l’adverbe réduit le mot distance. »
Il leur faut beaucoup de complicité et une belle amitié pour parvenir à accorder leurs voix afin d’en créer une troisième. Le lecteur, porté par la teneur, la densité, la délicatesse et la générosité des correspondances, oublie peu à peu qui écrit quoi. Les poèmes viennent, se répondent, se nourrissent les uns les autres et la magie opère, générant un dialogue fécond.
« Souvent nous retournons le livre
sans avoir atteint le bas d’une page,
nous nous cachons la face avec les paumes
et nous fixons l’écran intime, peu à peu,
translucide, et nous continuons de lire.
C’est ainsi que la vue se régénère
dans un ciel rayonnant d’étoiles. »
Pour finir,, tous deux reviennent sur l’échange des poèmes et sur ce lent cheminement qui leur a permis de donner sa tonalité à La troisième voix.
« La contingence temporelle, devenue notre alliée, nous a offert un nouveau territoire, une nuit peut-être pour que les mots l’habitent » (Isabelle Lévesque)
« Comprendre, c’est se surprendre, ce n’est pas se contenter de faire écho, c’est accroître. » (Pierre Dhainaut)
Isabelle Lévesque et Pierre Dhainaut : La troisième voix, peinture de Fabrice Rebeyrolle, éditions L'herbe qui tremble.
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