Après la parution de Aucune fiction, (Wigwam,1992) Alain Le Saux s'était fait très discret. Le silence de ce poète qui aime tant l'ombre, l'écart et la patience, a néanmoins fini par se rompre, et c'est heureux, avec la sortie, au cours de l'été 2008, de CruciFiction, premier titre des éditions Les Hauts-Fonds. L'ensemble court sur plusieurs années (de 1989 à 2002). Il est construit par séquences, en suivant différents lieux de résidence, entre Brest et Paris avec détours plus brefs mais tout aussi décisifs en des ailleurs non précisés mais suggérés.
« Des os on fait
des flûtes musicales -
On y est pour quelqu'un
quand le rêve pétrit
à distance ses moraines
On sonne sa langue On défraye le vent
On dort près des urnes chaudes
proches des joues du borderline. »
Alain Le Saux emprunte des itinéraires chauds et sinueux. Des chemins de traverse pour aller de la mer à la ville mais également de soi à soi en passant par les autres, leurs paysages intimes, leurs façons si particulières de les donner (souvent sans s'en rendre compte) à celui (lui) qui sait les prendre, les filtrer et les recycler en leur transmettant la dose d'énergie qui leur manquait.
« Sur ce cliché ils sourient
La lune crisse ses dentelles Eux rêvent
un sang tellurique
Avant de s'évanouir dans la gelée des parcs. »
Livre vif, aux aguets, en bel équilibre sur un fil tendu au-dessus de la ville et de ses rues animées où vaquent flâneurs, agités et curieux portant, tous, cet invisible fardeau qui leur fait baisser la tête.
Alain Le Saux : CruciFiction, éditions Les Hauts-Fonds, 22 rue Kérivin – 29200 Brest.
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