« Le mouvement de ma mère,
sa vitesse,
quelque chose lui a été enlevé. »
Comment dire la mort d’une mère, ce qui la précède (la maladie qui occupe rapidement tout l’espace) et ce qui la suit (église, cimetière, famille réunie puis chacun repartant retrouver sa vie d’avant).
« Une balade, en fin d’après-midi, au soleil, au pied d’une éolienne, avec les enfants, une joie triste. »
Saison été seize appartient à ces livres, peu nombreux, qui expriment la perte d’un être cher en usant de peu de mots, déroulant un fil narratif léger, à peine quelques lignes par page, des notes brèves, empreintes de sensibilité et de pudeur. L’écriture d’Emmanuel Rabu est touchante par sa simplicité même. Tout est dit avec concision. Sa discrétion l’incite à se tenir un peu en retrait, à sa place, et néanmoins au plus près de ses proches, et notamment de son père.
« Quelque chose s’est arrêté ». Et pourtant tout doit continuer. En l’absence de celle qui s’est éteinte en plein été. Pour entrer dans un livre et dans la mémoire des siens.
« Septembre.
Je pars à Rouge pour le week-end.
(…)
C’est la première fois que je reviens depuis la mort de ma mère.
Il n’y a pas de repas de prévu et l’odeur a changé dans la maison. »
Emmanuel Rabu : Saison été seize, Dernier télégramme.
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