C’est la découverte du sentiment amoureux qui sert de fil rouge aux
treize nouvelles réunies ici par Marc Villemain. L’élan, l’attirance
mais aussi l’hésitation et la peur s’y imbriquent pour éclairer
l’intensité de ces moments de tendresse maladroite qui disent
parfaitement les commencements, les tremblements, l’envie, le désir qui
s’empare des corps fébriles. Ceux-ci se touchent, se cherchent.
Ils (et elles) ont huit, dix, douze, quatorze ou quinze ans. Le monde
qu’il leur faut explorer, en façonnant eux-mêmes les clés pour y
entrer, leur est encore inconnu. Ils savent néanmoins comment en percer
les secrets. Et ont assez de ressource en eux pour y parvenir.
C’est l’initiation d’un unique personnage – se mouvant au milieu des
autres – que l’on suit de texte en texte. Il se trouve au bord de la
mer ou en montagne, dans une petite ville ou en rase campagne. Où qu’il
soit, il tombe inévitablement amoureux. À chaque fois, cela lui
chamboule le cœur tout en lui mettant le corps en émoi. Il multiplie
les rondes, les guets, les approches. Profite d’un bal, d’un concert
pour faciliter la rencontre. Ça marche ou ça coince mais quoi qu’il
arrive, il se montre régulièrement discret, disponible, patient,
attentif. Et parfois fataliste.
La dernière nouvelle est particulière. Elle a pour décor Venise. Et
pour héros un vieil homme, un écrivain qui raconte succinctement ses
aventures d’enfant puis d’adolescent en quête de sentiments et de désirs
à partager. Ces aventures ne sont autres que celles qui sont présentes
dans cet ouvrage. La boucle est ainsi subtilement bouclée, ce final
attestant, s’il en était besoin, de l’unité d’un ensemble qui vaut par
les fragments de tension émotive qui le traversent mais aussi par
l’écriture délicate et très évocatrice de Marc Villemain.
Il y a chez lui un sens du détail évident. Il apparaît dans la
finesse des traits de personnalité des uns et des autres et dans les
descriptions minutieuses des paysages qui servent de décor à chacun de
ses récits.
Marc Villemain : Il y avait des rivières infranchissables, Joëlle Losfeld éditions.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire