« Mon cœur bat à l'envers, voici une nuit qui a faim
La nuit a sur ses mains une odeur d'assassin...
Je m'enfouis sous les porches de la caverne des rues
Avec ma trouille moche... j'ai l'air d'avoir bu... !
Cette voix, c'était (c'est) celle d'Annkrist que j'écoutais pour la première fois et qui n'a pas mis longtemps à m'émouvoir et à me transporter ailleurs. Les lieux qu'elle évoquait – en les ciselant avec des mots simples, des images précises – était peuplé d'êtres solitaires, presque invisibles, qui vivaient dans les angles morts de la ville et que l'on ne pouvait espérer rencontrer qu'à certaines heures de la nuit, quand la fièvre des touchers délicats délivrent de la fatigue.
Outre la voix et les mots, il y avait le son, la tonalité, la musique, les arrangements, le blues, tout ce qui s'imbriquait pour former un ensemble indissociable, une ambiance particulière où la mélancolie devait composer avec l'envie de vivre, de partager, de se frotter au réel, d'exprimer son ressenti, de s'inventer des espaces de liberté. Je vivais alors, travaillant de nuit au tri postal à Trappes, dans une cité-dortoir de la banlieue ouest et les chansons d'Annkrist m'ont extirpé du lieu en un clin d’œil. Les séquences âpres, lancinantes, parfois oniriques, souvent un peu secrètes, qu'elle donnait à entendre me donnaient l'illusion de me balader dans les rues de Brest et son imaginaire me rapprochait de ce qui était alors mon quotidien. Je recevais pleinement ces textes. Qui s'ancraient dans la nuit urbaine, se nourrissaient de lumières légèrement bleutées et de personnages qui n'attendaient pas l'arrivée des petits matins pour s'éclipser.
(extraits)
Annkrist, éditions Goater, livre (textes de toutes les chansons enregistrées ainsi que discographie complète, témoignages et photos) présenté et coordonné par Jean-Claude Leroy
On peut retrouver (et écouter) Annkrist sur le site Tiens, etc.
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