"Nous revenons, sur les talus, sur les restes d'un océan cubique,
Zanzibar au bout des lèvres.
Les lions pourrissent dans l'avoine.
La nuit se fait au bord des routes."
Florent Chopin, Bleu Bohémienne, éditions Wigwam, 1998.
Son antre, l'ancien garage, L'atelier de brousse, situé rue Garibaldi à Saint-Ouen me trotte dans la tête depuis longtemps. J'essaie ce soir de le restituer à ma façon. Je bois un café serré. J'arrose mon fond de tasse d'un liquide à l'arrière-goût marin, liqueur iodée et dorée au soleil. J'y ajoute ce que je veux. Et j'y vois ce que bon me semble. Un décor. Une maison. Trois étages. Au-dessus, une terrasse (séparée en deux par un rideau de perles) avec à l'entrée un beau Pierrot Gourmand déniché dans une brocante. Sur la table, des assiettes peintes par un italien de Montmartre. Au mur, les livres de Jean-Pierre Duprey. Et de nombreux autres ouvrages (une étagère entière) publiés par François Di Dio au Soleil Noir. Deux toiles de Micheline Catty, œuvrant dans l'ombre longue, apaisante de Gherasim Luca ...
Zanzibar au bout des lèvres.
Les lions pourrissent dans l'avoine.
La nuit se fait au bord des routes."
Florent Chopin, Bleu Bohémienne, éditions Wigwam, 1998.
Son antre, l'ancien garage, L'atelier de brousse, situé rue Garibaldi à Saint-Ouen me trotte dans la tête depuis longtemps. J'essaie ce soir de le restituer à ma façon. Je bois un café serré. J'arrose mon fond de tasse d'un liquide à l'arrière-goût marin, liqueur iodée et dorée au soleil. J'y ajoute ce que je veux. Et j'y vois ce que bon me semble. Un décor. Une maison. Trois étages. Au-dessus, une terrasse (séparée en deux par un rideau de perles) avec à l'entrée un beau Pierrot Gourmand déniché dans une brocante. Sur la table, des assiettes peintes par un italien de Montmartre. Au mur, les livres de Jean-Pierre Duprey. Et de nombreux autres ouvrages (une étagère entière) publiés par François Di Dio au Soleil Noir. Deux toiles de Micheline Catty, œuvrant dans l'ombre longue, apaisante de Gherasim Luca ...
C'est dans ce décor que
Florent Chopin apparaît. Il sourit. Soulève sa casquette. Invite à
se familiariser avec les lieux. On ne sait d'où il débarque. De mer
d'Iroise ou du Japon. Ou peut-être faisait-il, ces derniers jours,
escale dans les vignes du Périgord afin de piétiner des raisins
noirs pour offrir du jus frais à la terre et en remplir un ou deux
pots pour le mélanger à ses couleurs. On a envie de le croire
là-bas tout en sachant qu'il navigue déjà ailleurs. Au Portugal en
quête de paresse ou sur une autre piste (à dos de chameau dans le
désert ? Ou dans des ruelles à Zanzibar ?) occupé à joindre
les deux extrémités d'un arc-en-ciel au fond d'une flaque.
On n'ose trop parler. On
sait qu'il est tout entier dans la minutie des voyages. Il y a des
morceaux d'océan sur l'établi. Une cheminée rouge et noire, un
navire, un quai balayé par l'écume, une bouée orange, un halo de
lune, un fort ressac, du monde à bord. Il reste apparemment calme au
milieu de l'agitation qui précède les grands départs... En fait,
il y a déjà un bon bout de temps qu'il est parti. Embarqué pour un
périple au long cours où le volume, l'espace,
les couleurs, les déchirures et les émotions varient selon le
plaisir que prend le marin à fabriquer lui-même les paysages qu'il lui faudra traverser. Belle lurette qu'il est en route, agent des liaisons
intimes entre le « peut-être » et le probable, entre la
fiction et le rêve, entre les engouements de l'absence et les
velléités de sa présence au monde. Pour le suivre, il faut
s'engager dans un beau dédale, un enchevêtrement de virages à
négocier au cordeau en multipliant les changements de stations et
de véhicules de façon à dessiner ce périmètre de liberté qui
nous permettra d'avoir la tête au Nord, les pieds
au Sud et le cœur en Équateur.
En tournant autour de cette
terre ronde et bleue qui est logée dans l’œil du peintre et qui
vient toucher les pupilles scintillantes de celui ou de celle qui
regarde, qui lit, tout devient possible. Lui et moi, toi et lui, bref,
nous et nous pouvons alors longer les quais de la gare de l'Est ou du Nord dès les premières lueurs de l'aube. On est à peu près sûr
de le repérer au milieu des voyageurs, et d'établir le dialogue
entre le R.E.R et l'Orient-Express ou, si l'on préfère, entre
l'homme de la taïga et le bohémien des banlieues occidentales.
Florent Chopin :
Boîtes à retardement, exposition du 6 juin au 7 juillet, Galerie
Amarrage, 88 rue des Rosiers, 93400 Saint-Ouen.
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