William Brown est décédé en 2008. Il a vécu son enfance au Canada avant de
s’installer au Pays de Galles et « Ourson les neiges d’antan ? » était
la question malicieuse qu’il posait de temps à autre à Lucien Suel. Ce
dernier répond par écrit, dans des formes brèves, souvent en vers
justifiés, stimulé par ces contraintes, d’espace et de forme, qui
l’incitent à centrer son texte et à faire mouche en quelques vers. Les
nouvelles qu’il délivre sont d’abord liées à son lieu de vie, à ce
territoire qu’il arpente à la fois avec son corps et avec ses mots, mais
pas seulement.
« Du terminal de Calais, l’autoroute du / soir file à l’est, vers
Isbergues. Au / loin, sur la gauche, le vitrage jaune / de l’aciérie
électrique transperce le / crépuscule. Les électrodes descendent /
lentement dans le chaudron débordant, / gavé de déchets, de ferraille
débitée / en morceaux. La soupe métallique fond / dans la marmite en
embrasant le ciel. »
L’envie de bouger est en lui. Il la guette. En profite, dès qu’elle
frémit, pour lever le camp. Il lui faut peu de temps, peu de mots pour
s’ouvrir aux vents d’ailleurs, pour le dire au peintre, pour s’enquérir
des tribulations nocturnes de « L’ankou-loup », pour pénétrer dans le
monde feutré du mystérieux « chat de Garbecque » ou pour glisser, de
flaque en flaque, dans celui du macareux qui sautille « en habit de
pingouin ». Les animaux sont ici très présents. Suel et Brown, tout au
long de leur collaboration, leur réservent une place de choix.
« Travailleurs, camarades castors de tous pays, soyez unis comme des dents à l’intérieur de la bouche. »
Ourson les neiges d’antan ? est un livre de plein air, une
bonne bouffée d’oxygène, une façon dynamique de circuler en poésie en
allant à la rencontre de quelques uns de ceux qui peuplent le grand
dehors.
Lucien Suel et William Brown : Ourson les neiges d'antan ? éditions Pierre Mainard.
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