« le seul traitement qui nous est réservé est un traitement policier
nous vivons dans des camps
nous ne pouvons pas vivre dans vos maisons
nous vivons dans ce que vous appelez une jungle
vous ne nous donnez pas le droit de vivre ailleurs
nous ne vivons pas dans des camps
nous y passons nous marchons
parfois nous y dormons
puis nous marchons le long des autoroutes »
nous vivons dans des camps
nous ne pouvons pas vivre dans vos maisons
nous vivons dans ce que vous appelez une jungle
vous ne nous donnez pas le droit de vivre ailleurs
nous ne vivons pas dans des camps
nous y passons nous marchons
parfois nous y dormons
puis nous marchons le long des autoroutes »
Le vieux continent, composés en partie d’anciens pays coloniaux, dont
quelques uns vendent les armes qui détruisent les villes qu’ils ont dû
quitter, les éjectent ou les parquent pour qu’ils demeurent invisibles.
« c’est la nuit, ils parlent une langue qui n’est pas la vôtre
ils dorment par terre, dans la rue
allongés les uns contre les autres pour avoir moins froid
ils fument des cigarettes en regardant les bateaux, la mer
le ciel est noir, des oiseaux passent au-dessus d’eux
ils escaladent des grillages
leurs vêtement s’accrochent aux fils barbelés »
ils dorment par terre, dans la rue
allongés les uns contre les autres pour avoir moins froid
ils fument des cigarettes en regardant les bateaux, la mer
le ciel est noir, des oiseaux passent au-dessus d’eux
ils escaladent des grillages
leurs vêtement s’accrochent aux fils barbelés »
Ce sont les mots, les paroles brèves, les phrases simples,
tranchantes, chargées de bon sens, de ceux que personne ne peut (ou ne
veut) entendre que répercute ici Jean-Philippe Cazier, dans un texte qui
peut être lu à haute (et sans doute même à plusieurs) voix, tant il se
prête à la transmission orale. Le rythme de son poème, d’abord
lancinant, épouse peu à peu les flux et reflux du ressac pour devenir
ce long chant syncopé qui forme chœur et qui dit (exemples à l’appui,
passant du « ils » au « nous » ou au « je ») la réalité inhumaine
infligée à tous les réfugiés, d’aujourd’hui ou d’hier, et le désarroi,
la colère, l’incompréhension mais également l’envie (la nécessité) de
se battre qui les fait tenir debout. Pour trouver, pour eux qui n’en ont
plus, un bout de terre habitable.
Jean-Philippe Cazier : Europe Odyssée, éditions Lanskine.
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Jean-Philippe Cazier : Europe Odyssée, éditions Lanskine.
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Merci, cher Jacques, nous vivons dans un monde où les inégalités entre riches et pauvres sont arrivés à un point de rupture et la crise sanitaire actuelle va encore les accentuer.
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