« Aujourd’hui encore, à presque quarante ans, quand il voit des pères et des grands-pères porter sur le dos ou sur les épaules des petits garçons de cinq ou six ans, il retrouve aussitôt l’odeur de la nuque et des cheveux de son père et il a envie de pleurer. »
Les émotions qu’elle fait passer dans ses proses émanent des fils. L’un n’a jamais osé dévoilé son homosexualité à son père, un autre a choisi de pratiquer le rugby plutôt que le football pour faire plaisir à son paternel, un autre encore a porté, après la mort du père, "sa dernière paire de chaussures montantes, fourrées, chaudes et souples, quasiment neuves et a utilisé aussi les grands mouchoirs à carreaux verts et rouges, une douzaine, marqués à son nom qui se trouvaient dans son trousseau revenu de la maison de retraite."
En quelques phrases, Maie-Hélène Lafon s’approprie, en toute liberté, les photographies d’Eric Courtet. Elle y grave des portraits simples et saisissants, ceux des fils en quête d’une indépendance qu’ils n’acquièrent que difficilement.
« Son père lui a dit, je ne veux pas te voir
à mon enterrement
Il n’est pas allé à l’enterrement de son père
Il a obéi à son père.
Quand on lui a téléphoné pour lui annoncer
la mort de son père, il a dit, au moins comme ça
il fera plus chier personne »
Les mères n’apparaissent pas mais leur présence est perceptible dans certains textes.
Cet ensemble (beau format 15 X 25 cm) interroge la relation à la filiation, à la mémoire, à sa fragilité, à sa subjectivité, à sa transmission, à son enracinement dans les lieux où vivent ces hommes..
« Du côté des arbres
Quand ils sont nus, contre le ciel.
Dans la lumière et dans le vent, au bord
de la nuit, en ses lisières. »
Marie-Hélène Lafon (textes et poèmes) et Eric Courtet (39 photographies couleur) : Ils restent, éditions Isabelle Sauvage
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