Olivier Domerg poursuit inlassablement ses marches et ses
observations, en quête de paysages vivants et rassurants, la couleur
verte s’avérant être, la plupart du temps, un signe de bonne santé.
Cette fois, c’est la réapparition de cette couleur qu’il guette, la
retrouvant, jeune et tendre au printemps ou fragile, perçant à peine la
terre brûlée par le cagnard estival, en début d’automne, quand un peu
de l’eau aspirée par l’air brûlant décide enfin de renouer avec son
attraction terrestre.
« Pluie, soleil, cela suffit ! L’herbe repousse, la campagne
reverdit. Le sol, humide et meuble, paraît plus noir, comme couvert
d’humus. »
Ce sont ces très perceptibles changements qu’il débusque et transmet,
par notes ou poèmes brefs. Il est de ceux (ils ne sont pas si nombreux)
qui écrivent sur le motif en pénétrant dans le paysage et en
s’emparant de tout ce qui s’offre à leur regard (herbes, plantes,
arbres, feuilles, fleurs, fruits), tout ce qui les aide à trouver un
accord,, une harmonie, un équilibre intérieur.
« La question du poème est indissociable de celle du regard. Voir
traverse le poème. Voir transperce le poème pour saisir sa langue ».
Il faut être sur le qui-vive. Le poète l’est constamment et son
lecteur se doit de ne pas être en reste. Les détails fourmillent,
saisis délicatement, amenés à vivre ensemble, au fil des pages, de façon
à offrir une lecture concrète du paysage. Cela ne peut se faire sans
obstination, il le sait, s’en explique et dit la force que constitue
pour lui la répétition. Elle est essentielle dans sa démarche. Il faut
fouiller, tourner autour, creuser, repérer ce qui bouge, ce qui change,
selon la météo, la lumière, les saisons, l’angle de vue, l’acuité du
regard.
« La répétition est la première discipline. Face aux choses, à leur
permanence. Y revenir encore et encore. Pour provoquer leur expression.
Pour pousser plus avant l’écriture. Pour poser sur elles un œil neuf. »
Cet arpentage minutieux des lieux, vastes ou plus restreints, Olivier
Domerg l’enrichit, de livre en livre, dans une grande exigence, qui
peut parfois déboucher sur une saine colère vis à vis de ceux qui s’en
prennent au paysage en le défigurant, en le malmenant. Quand son regard
est blessé, il le dit, s’y arrête un instant avant et poursuit sa
route. Il note, cherche, précise, trouve et assemble les mots justes
(usuels, ceux de tout un chacun) pour exprimer au mieux ce qu’il voit,
surprend et ressent, en une succession de fragments, de séquences
presque visuelles,
"Mais il ne s’agit pas de descriptions, plutôt d’inscriptions !"
Olivier Domerg : La Reverdie, Atelier rue du soleil.