mercredi 3 juillet 2024

La Femme minérale

De retour dans sa région natale, après huit ans passés à enseigner le français à Taïwan, la narratrice est un jour attirée par un article publié dans le journal local. L’entrefilet évoque « un drame de la misère » mettant en cause un jeune couple qui, ne pouvant plus subvenir aux besoins de leurs enfants, a été déchu de son autorité parentale. Elle pense, instantanément, à la solitude de ces deux personnes définitivement éloignés de leurs jumeaux – qui ont, depuis, changé de nom et de parents – .

« Pendant des jours, j’ai pensé à ces gens. Je me demandais ce qui s’était vraiment passé. J’ai pensé à eux comme s’ils étaient des proches. Et je les imaginais seuls, sans les petits, sans plus le droit de les approcher ni de les voir. »

Elle éprouve le besoin d’en savoir plus, comprendre ce que cache le laconique entrefilet. Après avoir pris contact et rencontré leur avocat, elle part à leur recherche, de village en village, et finit par les trouver. Ils s’appellent Joël et Constance, vivent de peu, dans une maison à l’écart, et ne parlent qu’à demi-mots, ou pas du tout.

« Elle m’a fait signe d’entrer et m’a désigné une chaise. Une fois assise, il a posé un verre devant moi. Sans rien dire, il ma servi un café et m’a tendu le sucrier. J’ai souri pour remercier. On ne disait rien, on entendait nos respirations et ma cuillère qui touillait le sucre. »

Peu à peu, une relation presque silencieuse s’établit entre eux. Un samedi, ils lui annoncent qu’ils ont décidé de faire appel du jugement et qu’on les a convoqués au tribunal.

« Vous viendrez avec nous, n’est-ce pas ?
C’est par cette question que Constance m’a sortie de mes pensées. Elle a dit ça sur le ton de la question mais je savais que c’était un ordre, une évidence. »

Le jour de l’audience, Joël et Constance, par leur habillement d’abord, un endimanchement qui n’a plus court depuis longtemps, par leur façon d’être également, tous deux perdus dans un monde qui n’est pas le leur, paraissent encore plus décalés que dans l’obscurité de leur cuisine. Ils n’ont pas d’avocat. Préfèrent se défendre seuls. Ce qu’ils reprochent au jugement initial, c’est le mot « maltraitance ». Ils demandent qu’il soit retiré, pour que leurs enfants, dans l’hypothèse où ils voudraient, plus tard, connaître leurs origines, les considèrent comme des parents défaillants, certes, mais pas maltraitants.

« Maltraitance, ça dit pas la vérité ».

Dans la salle, la tension est extrême. L’audience est transcrite à coups de phrases courtes et précises. Les gestes, les mots disent tout de ceux qui les prononcent et cet épisode est l’un des plus intenses du roman.

Nathalie Bénézet (qui dirige pour ATD Quart Monde le Centre de Mémoire et de Recherche Joseph Wresinski) dresse, de manière quasi factuelle, le parcours chaotique de Constance et de Joël. Elle creuse méthodiquement le fait divers pour dévoiler ce qu’il ne précise pas : des vies douloureuses, empêchées, marquées du sceau de la misère (tous deux sont d’anciens enfants placés).

Si cette histoire résonne tant chez la narratrice, c’est parce qu’elle intervient à une période charnière de sa vie. Elle vient de perdre un être cher et a une relation à réparer avec son père, le dernier de ses proches. Ce n’est qu’après avoir accompagné le couple jusqu’au bout, dans sa délicate quête judiciaire, qu’elle parviendra à mieux cerner le sens de sa démarche, à comprendre pourquoi le destin de cet homme et de cette femme, qui lui étaient totalement inconnus, l’a bouleversée.

« Toute la vie tient dans l’inattendu. Même dans ces vies bien ficelées de partout, où rien ne se veut laissé au hasard. »

Nathalie Bénézet : La Femme minérale, éditions Maurice Nadeau.

 

mercredi 26 juin 2024

Malcool / Coeur sucré

Il a vu des hommes, des femmes tituber, chanceler, tomber, n’être plus en capacité de maîtriser leurs gestes, leur corps et encore moins leurs pensées. Il les a vus abuser, être abusés, s’abîmer, partir en vrille et parfois même mourir (maladies, suicides, accidents) après avoir beaucoup bu, parfois pour imiter les autres, pour être des leurs, souvent par habitude, celle-ci pouvant se transformer en addiction. C’est l’alcool et ses effets secondaires dévastateurs que Jean-Claude Leroy placent au cœur de son recueil de poèmes. Il sait que ses mots peuvent en heurter plus d’un et que Dionysos reste un dieu au pied solide.
 

« je plaide coupable à chaque occasion
et elles ne manquent pas
alors je paie ma dette
c’est à dire que je reste à part
je plaide coupable
j’ignore où se tient l’innocence
je réponds oui à toute accusation
mais je ne saurais avouer quoi que ce soit. »

S’il s’attaque à ce sujet qui le pousse à sortir (douloureusement) de ses gonds, c’est parce qu’il ne parvient pas à faire autrement. Sa réaction est épidermique. Ce qu’il a vu et vécu l’a profondément touché et sa mémoire en garde, des décennies plus tard, des traces indélébiles.

« Coupé de moi
tu bois avec les autres
tu fais société
l’amour n’existe pas
isolé je souffre des atteintes
et la caresse du suicide
me prend dans ses bras »

ou encore :

« sans savoir te déprendre d’un nouveau verre
voici qu’il t’a embarquée dans sa voiture
pour te raccompagner, avait-il dit
mais c’est hors de la ville que tu t’es retrouvée
dans la nuit du bois de Lhuisserie
qu’il t’a soumise qu’il t’a forcée
tu as insisté pour qu’il ne t’abandonne pas dans le noir
et te reconduise rue du Mans
où je t’attendais »

Jean-Claude Leroy, avec ses mots efficaces et tranchants, sous tension permanente, exprime son désarroi, ses incompréhensions, ses colères également. L’enfant qui voit « cet homme genoux à terre / devant le mur de la maison » est le même qui observera, plus tard, « cet homme faussement bienveillant qui verse / force goutte dans le verre de mon père ». Ces situations l’ébranlent durablement, le mettent mal à l’aise et nourrissent en lui une réelle aversion.

« La fascination qu’exerce l’alcool défigure
ceux qu’elle atteint
tandis que c’est le visage initial qui m’intéresse
le visage propre à chacun
pas le visage trahi aimanté irrésolu »

Pas question pour autant de prohiber. Libre à chacun de mener sa barque. Et de ramer plus ou moins bien.

« À l’envers ou à l’endroit
toute prohibition est ridicule
censure ou propagande se valent »

Dans ce livre à fleur de peau, Jean-Claude Leroy dit ce qu’il ressent, en des termes parfois durs, cinglants, définitifs, à la mesure du grand malaise qu’il a éprouvé en certaines circonstances.
Les agapes, les libations et assemblées réunies autour de la dive bouteille ne sont pas pour lui. Il préfère prendre la tangente et descendre aux rivières, aux sources et aux fontaines.

Jean-Claude Leroy : Malcool / Cœur sucré, éditions Rougerie.

dimanche 16 juin 2024

Sur les roses

Luc Blanvillain a le regard vif. Il lui suffit d’observer les habitudes de quelques-uns de ses contemporains pour détecter chez eux un léger boitement d’âme, un désir inassouvi, un manque à vivre qui les tétanise et les transforme parfois en êtres transis. Vu ainsi, Simon Crubel est un vrai cas d’école. Ce jeune bibliothécaire est tombé amoureux d’une prof de lettres qu’il n’ose aborder, au grand dam des habitués de la médiathèque (bénévoles ou lecteurs) qui sont dans la confidence et qui le poussent à sauter le pas. Le fait qu’elle élève seul son fils de dix ans après avoir été abandonnée par son compagnon l’autorise à penser que le destin peut lui être favorable.

« À toutes fins utiles, je te signale qu’elle adore les roses », lui murmure un jour Odile.

Peu à peu, cette histoire de roses lui entre dans la tête et ne le quitte plus. Le symbole a beau être suranné et un peu démodé, rien n’y fait. Cela tourne à l’obsession. Offrir une rose, c’est simple, mais trop simple quand on a, comme lui, tendance à vouloir compliquer les choses. Au lieu d’en acheter une chez le fleuriste du coin, il préfère, paire de ciseaux de bureau en poche, aller la cueillir dans le splendide rosier qui fait la fierté de Christian, le mari d’Odile.

« Le bibliothécaire, après s’être assuré que nul n’approchait – la réverbération du soleil l’empêchant apparemment de discerner Christian – saisit précautionneusement, entre le pouce et l’index, la plus belle des roses, et, d’un coup de ciseaux, en sectionna la tige. »

Funeste décision, prise sans compter sur le cœur fragile de Christian. Et acte irréparable qui va déclencher une cascade d’événements imprévus (crise cardiaque, faux cambriolage, débandades en tous genres) que Luc Blanvillain narre avec calme et gourmandise. Il s’amuse tout en gardant une certaine distance et en portant un regard bienveillant sur ces personnages qu’il ne ménage pourtant pas. Il ne se moque pas, ne les juge pas. Ce qui attire son attention, ce sont leurs travers, leurs particularités, leurs indécisions contrebalancées par d’inattendus coups d’éclat et leur grande vulnérabilité.

Si la rose, et sa symbolique qui traverse les siècles et la littérature, est présente au centre de ce roman, elle l’est aussi parce que sous le velours apparent de ses pétales se cachent quelques épines capables de blesser. Simon Crubel, le bibliothécaire amoureux, peu sûr de lui, rêveur au long cours, va l’apprendre à ses dépends. Et, en contrepartie, se doter d’un zeste de force mentale qui l’amènera à remiser ses désillusions au placard.
L’impeccable et haletant roman de Luc Blanvillain ne mollit jamais. Il avance, libre et léger, de page en page, tenant haut son fil narratif, avec à bord une dizaine de personnages attachants qui s’offrent (sortant ainsi de leur morosité quotidienne) des aventures inespérées et de belles montées d’adrénaline.

Luc Blanvillain : Sur les roses, Quidam éditeur.

samedi 8 juin 2024

Qui ne disent mot

Il suffit d’un mot, d’un regard, d’une scène, d’un geste pour que le poème s’enclenche, se déplie et trouve son ton, sa profondeur ou sa légèreté. C’est Laurent Grisel qui a la main, c’est lui (guidé par les sensations qui le traversent) qui juge quand et comment donner corps avec ses mots à ces instants de vie qu’il souhaite mémoriser. Ceux-ci sont liés d’une part à son parcours, à son travail, à ses différents métiers, aux lieux où il les a exercés et de l’autre à ses rencontres amicales et littéraires.

« Au printemps 1977, dans les rues de Dunkerque
je faisais dans les tranchées
à la main, à toute vitesse mais
reins battus quand je me relevais
un lit de sable pour les câbles. »

Le monde du travail (manuel, industriel, hospitalier) est bien présent dans ce recueil qui regroupe des poèmes précédemment publiés en revues ou conçus pour accompagner des expositions photographiques  qui ont pour dénominateur commun d’attirer l’attention sur ceux "qui ne disent mot " (tout au moins jusqu’à un certain point). Ainsi les ouvriers de la Marbrerie du Moulin, officiellement appelée « Marbrerie de Picardie, Usine de Saintines ».

« il y eut un démon de l’abstraction tournant, convertissant
l’énergie horizontale constante et rectiligne
de la rivière canalisée en énergie constante tournante
et fixée sur l’arbre tournant n’importe quel
outil écrasant, broyant et même, par arbre à cames,
révolutions converties en mouvements alternés
sciant, tissant, fil et trame, tissant les ouvriers,
sciant les ouvriers, et par poussières encrassant
les ouvriers, leurs bronches, poumons, pieds à décrasser »

Le rythme des cadences dictées par la machine entre dans le poème. Mécanique implacable que Laurent Grisel rend palpable tout au long de ce texte de grande intensité où surviendra bientôt l’accident, veste prise dans l’outil.

« que se passe-t-il, quand le bruit de scie est changé
en hurlement, quand l’harmonie de l’atelier est tuée »

Des plages plus calmes alternent avec ces moments rudes. Le livre se place alors, tout naturellement, au cœur d’un quotidien qui bouge en permanence. Celui qui y est attentif en capte les variations, où qu’il se trouve, saisit telle ou telle scène et regarde les êtres qui lui sont proches, leur tend la main.

« Il y en a des amis qui comme toi creusent ce qui se creuse
sans se lasser jamais, le cœur plutôt gai. »

Qui ne disent mot, choix de poèmes courant sur quelques dizaines d’années, est construit dans le désordre de l’existence, au gré des affinités, dans la proximité des vivants et des disparus, sans jamais le moindre repli sur soi. C’est un livre qui va vers les autres, qui leur ouvre ses pages et qui vit / se nourrit de leur incomparable présence.

Laurent Grisel : Qui ne disent mot, éditions Lanskine.

vendredi 31 mai 2024

Des solitudes peuplées d'abandon

Le premier livre de Bob Kaufman (1925-1986), publié en 1965 aux États-Unis par New Directions, et dont la première traduction française (celle de Claude Pélieu et de sa compagne Mary Beach), parue chez Christian Bourgois en 1966 (rééditée en 1997) était introuvable depuis des années, est à nouveau disponible, traduit cette fois par Marie Schermesser. C’est grâce à elle – et aux éditions Le Réalgar – que l’on peut à nouveau se laisser guider par l’une des voix fortes de la Beat Generation.

Kaufman a quarante ans quand il publie ces poèmes et il a déjà, derrière lui, une vie intense et mouvementée. Embarqué à bord des navires marchands dès ses 13 ans, coupant ainsi avec une famille nombreuse où il se sentait à l’étroit tout en assouvissant ses envies de voyages, il a également expérimenté alcools, drogues et amphétamines, a séjourné en prison, a été interné et a fait des rencontres essentielles, celles des jazzmen (Charlie Parker, Lester Young, Dizzie Gillepsie, Miles Davis, Charlie Mingus) et des poètes (Ginsberg, Corso, Kerouac, Rexroth, Ferlinghetti), qui le confortent dans ses choix de vie et dans sa volonté d’en découdre avec les valeurs de l’Amérique des années 1940, 50, 60 avec laquelle il est en totale rupture.

« Nous nous souvenons quand les poètes mettaient leurs cerveaux confus de côté
Pour les retrouver quand ils seraient sains d’esprit,
Quand les spécialistes de l’organisation avec leurs cravates roses annonçaient l’amour à la télé,
Marquant le début de l’âge de pierre électrique
Quand tous les bien-pensants criaient : haro sur la pointeuse,
Ou bien sur vos voisins, ou votre plus jeune fils,
Alors qu’une cohorte de jeunes poètes
Périssait dans un marécage de Pusan,
Engloutis dans une marée de pochettes d’allumettes rapportées de la Mère Patrie. »

Percuté par l’histoire tragique du monde, (génocide et massacres nazis, Hiroshima, la guerre du Vietnam, le racisme, la ségrégation (il est né d’un père juif et d’une mère noire), Kaufman crie son désarroi et sa révolte dans des poèmes presque instantanés, écrits sur des bouts de papier, prêts à être lus à haute voix, portés par un tempo soutenu qu’il va puiser dans le be-bop en cherchant à inventer quelques brèches lumineuses pour que s’évapore un peu du brouillard mental qui anesthésie de nombreuses consciences.

« Mille saxophones infiltrent la ville,
Chacun avec un homme à l’intérieur,
Cachés dans des étuis ordinaires
Portant l’étiquette FRAGILE.

Une flotte de trompettes fait tomber ses croches,
A l’intérieur de l’extérieur.

Dix vagues de trombones approchent de la ville
Sous un camouflage bleu
De nuages néo-classiques de fin d’automne. »

Ses poèmes s’ouvrent en grand. Ceux dont il se sent proche, et dont les œuvres l’aident à tenir le choc, sont invités à y entrer. À commencer par les poètes (Ginsberg d’abord), et les jazzmen, (Parker en tête) mais aussi Steinbeck, Hart Crane, Albert Camus qu’il lit et relit et pour lesquels il écrit des textes qui confinent parfois à la complainte, se rapprochant du blues.

« Ray Charles est le vent noir du Kilimandjaro,
Braillant du blues en haut, en bas,
Geignant joyeusement dans tous les ascenseurs d’aujourd’hui.

Souriant à la caméra, une symphonie africaine
Coincée dans la gorge, et aussi, des pleurs (I got à Woman). »


Kaufman, de plein pied dans son époque, au courant de tout ce qui se crée dans les marges, errant par les rues en quête de rencontres et de drogues, amoureux de sa femme Eilleen et affectueux envers son fils qui ne se prénomme pas Parker par hasard, est un être à vif. Il peut réagir au quart de tour et prendre des décisions radicales. Ainsi, le jour de l’assassinat de Kennedy, il décide de faire vœu de silence et ce jusqu’à la fin de la guerre du Vietnam, autrement dit pendant dix ans, sacrifiant son couple (il se remariera plus tard avec Eilleen) et sa vie de famille, devenant pauvre parmi les pauvres, clochard dans les rues de San Francisco, logeant où on voulait bien de lui.

« C’était une époque où nous avions du mal à trouver notre rythme,
Quand John Hoffman * faisait du stop avec des dieux ennemis
Puis quand il mourut en terre mexicaine,
Étouffé dans ses rêves de sang et d’amour,
Laissant ses poèmes quelque part dans un coin sombre du temps,
Avec juste une petite pointe de rythme. »

Bob Kaufman (dont les archives 1958-1980 sont conservées à la bibliothèque de La Sorbonne) occupe une place importante – trop souvent minorée – dans l’histoire littéraire de la Beat Generation. Sa vie et son œuvre sont étroitement liées. La force de sa poésie tient non seulement par ce qu’elle emprunte au jazz, par ses sonorités, son timbre et sa structure, par ce qu’elle doit aux automatismes puisés aux sources du surréalisme, mais aussi par son choix de réserver la meilleure place aux bouillants créateurs, anonymes ou connus, qui jetaient à l’époque les bases d’une contre-culture qui n’allait pas tarder à se propager hors-frontières en libérant de nouvelles énergies. Ce sont ces irréguliers, ces gens de l’ombre, arpenteurs de bitume, guetteurs des nuits urbaines et allumeurs d’étoiles, qui peuplent ses solitudes.

« Pour chaque rêve dont on se souvient
Il y a vingt vies nocturnes. »

 Bob Kaufman : Des solitudes peuplées d’abandon, traduit de l’anglais (États-Unis) par Marie Schermesser, préface de Lawrence Ferlinghetti, éditions Le Réalgar, collection « Amériques ».

* John Hoffman (1928-1952), poète américain proche de la Beat Generation