En hommage à René Troin, décédé le 9 janvier 2016, cette note publiée sur Remue.net
en 2007, à la parution de Georges écrit. Nous nous étions
rencontrés à Rochefort sur Loire, et avons ensuite échangé mails et lettres.
C'est Pierre Laurendeau, son éditeur chez Deleatur, qui nous avait
mis en relation. Et c'est par lui, samedi matin sur l'Alamblog, que
la triste nouvelle m'est parvenue.
Cinq ans après La Crau (Arizona), ses "petites histoires" publiées par La compagnie des Indes oniriques aux éditions Deleatur, René Troin réapparaît, toujours aussi vif et malicieux, cette fois chez Ginkgo éditeur, dans la collection "Biloba" animée par Pierre Laurendeau, celui qui présidait justement, il y a quelque temps encore, aux destinées de Deleatur. Depuis une dizaine d’années, ces deux-là (auteur et éditeur), unis dans une réelle complicité, nous préparent des rendez-vous imprévus.
Ici, la rencontre annoncée est celle de deux couples. Elle aura lieu dans un appartement du "Calypso A, un donjon de dix étages (...) sans imagination architecturale mais avec vue sur la mer pour tous les locataires".
Seul problème, quand les invités débarquent, celle qui les attend sur le palier semble un rien contrariée et demande aux arrivants de ne surtout pas faire de bruit. C’est que, de l’autre côté de la cloison, dans une pièce fermée, Georges, "son époux en ébullition", écrit... ça lui est venu d’un coup. Une idée a surgi sans crier gare "pendant qu’il mixait l’huile d’olive, l’ail, les tomates, le basilic et les trois fromages qu’il met dans sa sauce au pistou". Depuis, Georges souffre "ou c’est tout comme, à la lutte avec les mots".
Ce que Georges écrit, le convive (à défaut de le deviner mais s’ennuyant ferme au milieu des chuchotements) essaie de l’imaginer. Il décide même d’y ajouter en prime sa propre touche et fait intervenir au coeur du récit Jimmy Lidol (un type avec un grand air de Moustique, le rocker mythique du début des années 60), certes pas au mieux de sa forme mais zigzaguant encore dans le circuit et roulant dans Paris au volant d’une antique Prairie déglinguée...
Le livre évolue sur trois plans. L’un, statique, dans un salon morose où l’on reçoit. L’autre, épique, dans une époque électrique qui en a laissé plus d’un sur le carreau. Le troisième enfin, hypothétique et subtilement détourné, dans l’imagination d’un auteur et de son double (moqueur) très en verve.
« Sur ma gauche, tout près, quelqu’un tousse. Je tourne la tête juste ce qu’il faut pour découvrir Georges - ça ne peut être que lui - accoudé à la fenêtre de la pièce voisine. Mais lui ne soupçonne pas ma présence - saura-t-il jamais que je me tins sur son balcon ce fameux soir ? »
Un dernier mot , avant que l’auteur des Vingt palindromes et des Douze aventures de Câline et ses amis (Deleatur, 1998 et 1999) ne s’éclipse, en quête d’autres périples, un mot pour saluer la collection "Biloba" qui accueille des textes d’auteurs dont on parle peu mais qui tous étonnent, détonnent et décapent. Comme Ernestine Chasseboeuf (en trois volumes) ou Jean-Pierre Brisset (Le Brisset sans peine).
Cinq ans après La Crau (Arizona), ses "petites histoires" publiées par La compagnie des Indes oniriques aux éditions Deleatur, René Troin réapparaît, toujours aussi vif et malicieux, cette fois chez Ginkgo éditeur, dans la collection "Biloba" animée par Pierre Laurendeau, celui qui présidait justement, il y a quelque temps encore, aux destinées de Deleatur. Depuis une dizaine d’années, ces deux-là (auteur et éditeur), unis dans une réelle complicité, nous préparent des rendez-vous imprévus.
Ici, la rencontre annoncée est celle de deux couples. Elle aura lieu dans un appartement du "Calypso A, un donjon de dix étages (...) sans imagination architecturale mais avec vue sur la mer pour tous les locataires".
Seul problème, quand les invités débarquent, celle qui les attend sur le palier semble un rien contrariée et demande aux arrivants de ne surtout pas faire de bruit. C’est que, de l’autre côté de la cloison, dans une pièce fermée, Georges, "son époux en ébullition", écrit... ça lui est venu d’un coup. Une idée a surgi sans crier gare "pendant qu’il mixait l’huile d’olive, l’ail, les tomates, le basilic et les trois fromages qu’il met dans sa sauce au pistou". Depuis, Georges souffre "ou c’est tout comme, à la lutte avec les mots".
Ce que Georges écrit, le convive (à défaut de le deviner mais s’ennuyant ferme au milieu des chuchotements) essaie de l’imaginer. Il décide même d’y ajouter en prime sa propre touche et fait intervenir au coeur du récit Jimmy Lidol (un type avec un grand air de Moustique, le rocker mythique du début des années 60), certes pas au mieux de sa forme mais zigzaguant encore dans le circuit et roulant dans Paris au volant d’une antique Prairie déglinguée...
Le livre évolue sur trois plans. L’un, statique, dans un salon morose où l’on reçoit. L’autre, épique, dans une époque électrique qui en a laissé plus d’un sur le carreau. Le troisième enfin, hypothétique et subtilement détourné, dans l’imagination d’un auteur et de son double (moqueur) très en verve.
« Sur ma gauche, tout près, quelqu’un tousse. Je tourne la tête juste ce qu’il faut pour découvrir Georges - ça ne peut être que lui - accoudé à la fenêtre de la pièce voisine. Mais lui ne soupçonne pas ma présence - saura-t-il jamais que je me tins sur son balcon ce fameux soir ? »
Un dernier mot , avant que l’auteur des Vingt palindromes et des Douze aventures de Câline et ses amis (Deleatur, 1998 et 1999) ne s’éclipse, en quête d’autres périples, un mot pour saluer la collection "Biloba" qui accueille des textes d’auteurs dont on parle peu mais qui tous étonnent, détonnent et décapent. Comme Ernestine Chasseboeuf (en trois volumes) ou Jean-Pierre Brisset (Le Brisset sans peine).
René Troin : Georges écrit, Ginkgo éditeur.
Passionné de musique et de chansons, René Troin (que l'on reconnait sur la couverture de Georges écrit), était l'un des trois piliers du site Crapauds et rossignols.
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