« Tu es parti
je n’avais pas encore 13 ans
c’était un week-end
au début de l’été
Tu n’es pas juste parti faire un tour
non, tu es parti... parti
pour toujours
Le vrai départ pour je ne sais où
cet endroit où les gens qui meurent partent. »
C’était le 2 juillet 1989. Quarante-cinq ans plus tôt, jour pour jour, Hippolyte, le grand-père, arrivait, après trois jours de train, venant de Lyon-Perrache, dans le camp de concentration de Dachau où il sera détenu pendant près d’un an. C’est en descendant du maquis de Ceyzériat, dans l’Ain, qu’il avait été arrêté par des miliciens, suite à une dénonciation.
« Vers midi le convoi s’ébranla
et le voyage se termina
le 2 juillet au matin
en Allemagne
au camp de Dachau
le trajet s’est effectué sans boire et sans manger
Des milliers de personnes se trouvaient déjà dans ce camp »
De lui, rien, sans doute, ne serait parvenu jusqu’à nous s’il n’avait pas noté dans un cahier ce que fut sa vie durant ces années noires. C’est en lisant ces notes, précises et écrites bien après sa libération, dont certaines sont reproduites en italiques dans son livre, que Céline Didier comprend qu’il lui faut exaucer le vœu de cet homme discret qui, en laissant ces traces écrites, tenait à ce qu’elles perdurent, tout au moins dans sa famille, de génération en génération. Elle revient, pour cela, non seulement sur les années de guerre, de maquis, de détention et d’évasion quasi-miraculeuse ("aussi incroyable que cela puisse paraître un Allemand a abattu ceux de son camp pour vous laisser partir") mais également sur la vie d’après, ces années de retour à une existence presque normale.
Elle choisit, pour raconter ce grand-père qu’elle aura trop peu connu et les différentes étapes qui l’ont aidée à se familiariser avec son passé, de s’adresser à lui, de se confier aussi, en privilégiant un style simple et direct, avec de constants retours à la ligne, donnant une belle fluidité à son propos.
Céline Didier : C'était ton vœu, Éditions Lunatique.
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