Novembre 2002 : les médias avaient les yeux rivés sur Sangatte. Radios, télés et journaux suivaient avec entrain la fermeture du centre d’hébergement de la Croix Rouge dans lequel des dizaines de milliers de migrants en route vers la Grande-Bretagne avaient jusqu’alors séjourné. Spectacle terminé - c’est à dire ministre, bulldozers et escadrons de CRS repartis - tous levèrent le camp... Tous sauf les clandestins qui sont encore aujourd’hui plus de 5000 à passer chaque année par Calais. Ce sont quelques uns d’entre eux que François Legeait, photographe indépendant, a côtoyé durant cinq mois, de février à juin 2005.
« Ceux qui arrivent chaque jour ont déjà derrière eux de longs mois d’errance. Ils sont Irakiens, Afghans, Soudanais, Kurdes, Somaliens, Erythréens, Iraniens... Ce sont pour la plupart des hommes jeunes - passé un certain âge on ne prend plus les chemins de l’exil. Le voyage est long, éprouvant et dangereux. Certains n’arrivent d’ailleurs jamais à destination. »
Sangatte fermé (c’est un peu « comme si en fermant une porte on prétendait arrêter le vent »), les réfugiés s’abritent comme ils peuvent. Des squats se créent. Certains dorment dans des parcs, sous les ponts. D’autres dans des crevasses en bordure de mer. D’autres encore dans des baraques de chantiers de désamiantage ou dans un secteur nommé "la jungle" et situé, en forêt, entre l’autoroute, la zone industrielle et le port. C’est dans ces différents lieux que François Legeait les a suivis. Il s’est peu à peu intégré à l’équipe de bénévoles qui leur vient en aide.
« Impossible d’être ici sans s’impliquer. Du coup mes questionnements s’évaporent dans l’air glacial ; l’appareil photo bien au chaud au fond de ma musette, je remplis d’eau les gobelets. »
Son regard s’avère d’une grande douceur. Pas de visages torturés. Pas de clichés racoleurs. Simplement des photos d’hommes, de femmes et d’enfants bafoués et pourchassés, espérant rejoindre, distantes d’à peine 35 kilomètres, les côtes d’un pays où la politique d’immigration est, dit-on, réputée "libérale". Une terre visible par temps clair et qu’ils veulent atteindre, « cachés dans un container ou accrochés sous un camion ». C’est également un constat d’échec que François Legeait dresse à travers ce livre subjectif et dérangeant : la fermeture, toute politique et démagogique, de Sangatte n’a en effet rien règlé. Pire : sans structure d’accueil, ceux qui ont fui leurs pays pour sauver leur peau (nous sommes loin ici d’une hypothétique "immigration choisie" !) vivent dans des conditions sordides. Il suffit de se rendre dans le petit cimetière de Coquelles, commune située à l’entrée d’Eurotunnel - où un carré leur est réservé - pour savoir ce qu’il est advenu de plusieurs d’entre eux.
Avec Destins clandestins (Editions de Juillet), F. Legeait nous offre un ouvrage qui s’ancre dans une actualité qui reste toujours aussi brûlante. Le texte qui accompagne ses photos est extrait d’un journal tenu sur place. Il est sobre, direct, percutant. Pour plus d’infos sur les expos programmées autour du livre et sur l’itinéraire de celui qui, en 2004, était déjà allé voir du côté de Belfast ce qu’il en était du processus de paix enclenché en Irlande du Nord, ne pas hésiter à visiter ce site.
« Ceux qui arrivent chaque jour ont déjà derrière eux de longs mois d’errance. Ils sont Irakiens, Afghans, Soudanais, Kurdes, Somaliens, Erythréens, Iraniens... Ce sont pour la plupart des hommes jeunes - passé un certain âge on ne prend plus les chemins de l’exil. Le voyage est long, éprouvant et dangereux. Certains n’arrivent d’ailleurs jamais à destination. »
Sangatte fermé (c’est un peu « comme si en fermant une porte on prétendait arrêter le vent »), les réfugiés s’abritent comme ils peuvent. Des squats se créent. Certains dorment dans des parcs, sous les ponts. D’autres dans des crevasses en bordure de mer. D’autres encore dans des baraques de chantiers de désamiantage ou dans un secteur nommé "la jungle" et situé, en forêt, entre l’autoroute, la zone industrielle et le port. C’est dans ces différents lieux que François Legeait les a suivis. Il s’est peu à peu intégré à l’équipe de bénévoles qui leur vient en aide.
« Impossible d’être ici sans s’impliquer. Du coup mes questionnements s’évaporent dans l’air glacial ; l’appareil photo bien au chaud au fond de ma musette, je remplis d’eau les gobelets. »
Son regard s’avère d’une grande douceur. Pas de visages torturés. Pas de clichés racoleurs. Simplement des photos d’hommes, de femmes et d’enfants bafoués et pourchassés, espérant rejoindre, distantes d’à peine 35 kilomètres, les côtes d’un pays où la politique d’immigration est, dit-on, réputée "libérale". Une terre visible par temps clair et qu’ils veulent atteindre, « cachés dans un container ou accrochés sous un camion ». C’est également un constat d’échec que François Legeait dresse à travers ce livre subjectif et dérangeant : la fermeture, toute politique et démagogique, de Sangatte n’a en effet rien règlé. Pire : sans structure d’accueil, ceux qui ont fui leurs pays pour sauver leur peau (nous sommes loin ici d’une hypothétique "immigration choisie" !) vivent dans des conditions sordides. Il suffit de se rendre dans le petit cimetière de Coquelles, commune située à l’entrée d’Eurotunnel - où un carré leur est réservé - pour savoir ce qu’il est advenu de plusieurs d’entre eux.
Avec Destins clandestins (Editions de Juillet), F. Legeait nous offre un ouvrage qui s’ancre dans une actualité qui reste toujours aussi brûlante. Le texte qui accompagne ses photos est extrait d’un journal tenu sur place. Il est sobre, direct, percutant. Pour plus d’infos sur les expos programmées autour du livre et sur l’itinéraire de celui qui, en 2004, était déjà allé voir du côté de Belfast ce qu’il en était du processus de paix enclenché en Irlande du Nord, ne pas hésiter à visiter ce site.
François Legeait : Destins clandestins, les réfugiés de Sangatte, éditions de Juillet.
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