Georges Drano ne se contente pas de regarder le paysage et d’évoquer ce
qu’il ressent à son contact. Il a besoin de l’éprouver physiquement,
d’y entrer avec son corps, de se frotter à sa présence, d’être acteur
plutôt que spectateur et d’écouter ce qu’il a à lui dire.
« Le chemin garde un œil ouvert
il nous attend au prochain tournant
nous mène où il veut, nous prend
à la mesure de nos pas. »
il nous attend au prochain tournant
nous mène où il veut, nous prend
à la mesure de nos pas. »
Il sait que l’échange ne peut se faire que dans la discrétion. Ces
lieux familiers, qui se trouvent dans l’Hérault, plus précisément du
côté de Sète et de Frontignan, qu’il arpente pas à pas, ont une
histoire, une mémoire, des secrets qui ne se dévoilent pas facilement.
Seul un passant singulier, un poète de son acabit, attentif à tout ce
qui parle, tremble, vibre et frémit sur ces terres qu’il fréquente
depuis longtemps, peut y découvrir autre chose qu’un simple décor. Il
les décrit avec précision, à la manière d’un peintre qui travaille sur
le motif, en y revenant sans relâche, en tournant autour, en multipliant
les angles de vue.
« Pour avancer il ne faut pas craindre
de perdre son temps en s’éloignant
du jour pour apprendre à errer parmi les mots
qui tombent sans reconnaître
leurs vaines beautés dans les obscures
vallées qui se referment sur nos voix. »
de perdre son temps en s’éloignant
du jour pour apprendre à errer parmi les mots
qui tombent sans reconnaître
leurs vaines beautés dans les obscures
vallées qui se referment sur nos voix. »
Les territoires dont il saisit les détails, les lumières, l’érosion,
les remous, les marques du temps et des éléments, sont extrêmement
variés. Entre le chemin qui ouvre le livre – et qui en donne le ton – et
la route qui le clôt, se trouvent les vignes, les massifs montagneux,
les étangs et la laisse de mer. Ces paysages l’accompagnent au
quotidien. Il ne cesse de les interroger. Les découvre en permanence.
Au fil des ans, son regard change, son corps aussi. Les émotions qu’il
ressent au plus profond de son être bougent également. Ces choses-là, le
paysage les lui révèle par l’intermédiaire du vent, de l’air, de
l’ombre, de la lumière, du ciel, de la terre, des pierres, des arbres et
de la poussière. Et Georges Drano
nous les transmet à son tour. Avec clarté et simplicité. Dans des poèmes où son imaginaire a évidemment son mot à dire.
Georges Drano : Entrer dans le paysage, éditions Folle Avoine.